Documentaire historique de 52 mn diffusé sur les chaines Bretonnes Tébéo, TébéSud et TVR, Film d'André Espern.
Production de Bretagne-video.fr et Bleu Iroise.
Film , vidéo sur " Le lin, l'or bleu de la Bretagne"
Le lin semble être le plus vieux textile du monde. Son origine remonterait à la période néolithique. À partir du XVe siècle, la Bretagne devient l'un des principaux fournisseurs européens de toiles de chanvre et de lin. Densément peuplée, la main-d’œuvre est abondante pour leurs cultures, mais aussi pour le filage et le tissage. Le climat humide de la Bretagne est particulièrement favorable à ces plantes et au traitement de ses fibres. Puis au XIXe siècle, le coton, importé en masse, malmène la culture et l'utilisation du lin dans les différents pays producteurs. La production s'effondre rapidement et la manufacture des « bretagnes » disparaît vers 1840.
Mais aujourd’hui grâce à une poignée de professionnels motivés et d'amateurs, la fleur bleue refleurit. Le lin est devenu une plante aux multiples possibilités et utilisations, textiles pour les vêtements ou l'ameublement, huile, encre, peinture, aliment du bétail, papiers spéciaux, litière pour chevaux, paillage, éco-construction, santé du corps, élément pour l’industrie de voiture. Pour le chanvre, outre son utilisation alimentaire, son huile fait des merveilles en cosmétiques grâce à ses propriétés hydratantes. La fleur de lin, l'or bleu, comme le chanvre, n'ont pas fini de séduire, ni de démontrer leurs multiples qualités. Ces deux fibres textiles nous permettrons également de diminuer l’impact sur l’environnement et de développer l’énergie issue de cette biomasse en utilisant ces ressources renouvelables, produites simplement par « Dame nature »…
André Espern
Production Bretagne –video.fr et Bleu Iroise pour les chaines Bretonnes Tébéo, TVR,TébéSud.
SYNOPSIS DU FILM AVANT SA REALISATION
Au fil du lin et du chanvre
HISTORIQUE avec Yann Lagadec et Jean Pierre Thomin,
A la Maison des Toiles à Saint-Thélo
Le lin et le chanvre sont deux plantes à fibres utilisées par l’homme depuis des milliers d’années. Accompagnant la sédentarisation de l’Homme et les premières pratiques agricoles, ces plantes ont été rapidement mises à profit pour la qualité de leurs fibres et leurs usages textiles. Leurs tiges sont constituées de bois entouré de fibres, l’un et l'autre étant liés par un ciment végétal, la pectine. De nombreuses étapes de travail sont nécessaires pour libérer leur filasse et la transformer en fil, puis en toile ou cordage.
L'histoire de la Bretagne est indissociable de celle des toiles de lin et de chanvre produites dans la région.
Du XVe au XVIIIe siècle, le lin et le chanvre sont cultivés en Bretagne pour leurs fibres utilisées principalement dans la fabrication de toiles. Leur transformation et leur commerce génèrent une activité économique intense. La Bretagne est alors l'une des premières provinces toilières françaises. Les toiles de chanvre qu'elle produit équipent une grande partie des marines européennes et ses toiles de lin sont exportées vers l’étranger. Cette activité toilière a des conséquences importantes sur le plan économique, démographique et artistique, toute la Bretagne est concernée par cette activité.
Si le lin et le chanvre sont cultivés pour un usage local un peu partout dans la province, certaines régions se spécialisent dans la production toilière. Cette activité place la Bretagne au cœur d'un vaste système d'échange planétaire. Les graines de lin importées de Lituanie, via la Baltique et les Flandres, par le port de Roscoff, sont semées dans les sols fertiles de la côte Nord. Le chanvre est cultivé autour de Locronan ou dans le bassin de Rennes. Les différentes étapes de transformation des fibres sont réalisées par des paysans et constituent une activité de complément. Les toiles sont ensuite exportées vers l'Angleterre et l'Espagne par les ports de Saint-Malo, Morlaix, Landerneau... De l'Espagne, où sont implantés des marchands français, les toiles de lin et de chanvre gagnent les colonies d'Amérique et ouvre ainsi à la Bretagne l’immense marché américain.
En compagnie de Mme Andrée Le Gall Sanquer,
Présidente de l’Association Lin et Chanvre de Bretagne
À partir du XVe siècle, la Bretagne devient l'un des principaux fournisseurs européens de toiles de chanvre et de lin. La péninsule est alors assez densément peuplée. La main-d’œuvre est abondante pour la culture du lin et du chanvre, mais aussi pour le filage et le tissage. Le climat humide de la Bretagne est favorable à la culture du lin et au traitement de ses fibres.
Les graines de lin dégénérant rapidement sont importées depuis les pays Baltes. Chaque année, au cours du printemps, de nouvelles semences stockées dans de petits tonneaux, transportées par navires depuis les ports de Riga ou Tallinn en Europe de Nord, sont débarquées à Roscoff. Elles sont réparties par cabotage et semées sur des terres limoneuses de la côte nord de la Bretagne.
Le chanvre est semé à la même période dans l'arrière-pays à partir d’un pourcentage de graines conservées après la récolte précédente. En juillet, le lin et le chanvre sont arrachés à la main afin de conserver la longueur de la fibre puis égrenés à l’aide de peignes.
Le rouissage
La première étape de transformation consiste à faciliter la séparation du bois des fibres. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour dissoudre la pectine. Les gerbes de lin ou de chanvre sont immergées dans des bassins, maçonnés ou non. Cette pratique est toutefois source de pollution et interdite par arrêts du Parlement de Bretagne dès le XVIIIe siècle. |
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Une autre technique consiste à étendre les fagots "sur le pré" afin de laisser la pluie et la rosée opérer ce que l'on nomme le rouissage, processus encore employé aujourd'hui .Entre cinq et quinze jours sont nécessaires pour obtenir une plante "rouie" qui prend alors une couleur grise, que l'on doit ensuite faire sécher. Cette étape est soumise à une surveillance rigoureuse afin d'éviter l'altération des fibres. |
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Le teillage
Une fois égrenés, le lin ou le chanvre subissent les différentes phases du teillage afin de séparer le bois des fibres. Les gerbes sont broyées sous le levier d’une braie par mouvements répétés. Puis il faut assouplir la filasse et d’éliminer les morceaux de pailles restants. Le peignage finit d’éliminer les dernières impuretés et sépare les fibres les plus courtes appelées étoupes |
Le filage
La filasse obtenue doit être filée, activité essentiellement féminine qui n'apparaît comme métier que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Si le fuseau peut-être employé, c'est l'usage du rouet à grande roue qui est le plus souvent retrouvé. Dans les deux cas, la fileuse se sert d’une quenouille, bâton de bois sur lequel sont enroulées les fibres de lin ou de chanvre. Au sortir du rouet, le fil est transféré sur l’ourdissoir, cadre de bois tournant, afin de constituer un écheveau pour faciliter son stockage et préparer la chaîne.
Avec Hervé Le Bihan, Tisserand (présentation du patrimoine matériel)
A Locronan, l’ancienne cité des tisserands
La Manufacture de Locronan équipera les plus grands navires d’Europe : les vaisseaux de la marine royale de France, la marine anglaise, les navires de la marine de guerre espagnole tels que l’Invincible Armada, les caravelles de Christophe Colomb… La grande place abritait autrefois l’hôtel de la Compagnie des Indes, le Bureau des Toiles…
Le rôle du tisserand est alors de monter la chaîne sur le métier. Celui-ci permet d’entrecroiser fils de trame et fils de chaîne et de créer peu à peu l’étoffe. L’artisan doit veiller à la régularité de la tension des fils. Le travail doit se faire dans une atmosphère humide qui permet au fil de conserver sa souplesse. La toile est ensuite pliée, empaquetée puis contrôlée avant d’être vendue et exportée. Elle doit, en effet, correspondre à un règlement qui définit sa qualité.
Chaque territoire développe des savoir-faire particuliers. Ainsi, l'opération de blanchiment est effectuée différemment d'une région à l'autre. Il s'agit d'obtenir une toile de lin ou de chanvre la plus "blanche" possible. Pour cette opération, la lessive la plus utilisée est la cendre de hêtre, au pouvoir saponifiant important et qui a la particularité de ne pas contenir de tanin. Cette cendre fait l'objet d'un véritable commerce. Dans le nord-Finistère, le fil de lin est blanchi une fois enroulé en écheveaux. Cette opération est réalisée dans les "kanndi", petites constructions dispersées dans la campagne. Dans les Côtes d'Armor, les toiles de lin sont blanchies dans des "blandieries", grands bassins ou lavoirs maçonnés.
Le tissage est soit pratiqué chez l’artisan lui-même, soit, lorsqu’il est fait appel à un tisserand itinérant, dans un bâtiment ou une pièce dédié à cette activité chez le commanditaire. La modestie des maisons de tisserand témoigne de la rudesse et de la précarité de cette activité. La pièce dans laquelle est placé le métier à tisser doit comporter un taux d’humidité important afin d’éviter la casse du fil. Un filet d’eau y coule parfois sous des dalles de schiste. Dans la terre battue du sol, une cavité sous le métier permet d’accueillir les pédales, facilitant les gestes de l’artisan.
Comme dans l’ensemble du vieux continent, le lin et le chanvre sont employés au quotidien par les habitants de la région. Peu à peu, leur production se développe et des territoires de spécialisent pour nourrir un commerce à grande échelle à destination des pays étrangers. Le lin est employé pour la confection du linge de maison, des chemises fines, tandis que le chanvre est utilisé pour les voiles des navires, sacs, cordages, toiles rustiques et vêtements de travail. Ils sont parfois associés à la laine au cours du tissage afin d'obtenir des étoffes confortables appelées berlingues. Le développement de la marine à voile et des échanges internationaux entre pays européens et à destination des nouveaux mondes contribuent à augmenter la demande de toiles de lin et de chanvre.
Ces activités utilisent une main d’œuvre importante et donnent lieu à nombreuses activités ou métiers à part entière. Dans les campagnes, toutes les mains, des enfants aux adultes, participent à la transformation des fibres à l’une ou l’autre de ses étapes, du semis des graines au filage. Le paysan alterne entre les activités liées à la toile et les travaux de la ferme. Le tissage est pratiqué soit par des paysans-tisserands, soit par des hommes dont c’est la seule ressource.
On estime ainsi à 25000 le nombre de tisserands en Bretagne au XVIIIe siècle. Ceux-ci peuvent être itinérants ou installés dans un territoire ou une ville spécialisée dans le commerce des toiles, telle que Nantes, Dinan, Fougères, Loudéac, Uzel, Quintin ou Locronan. Il en est de même du métier de tailleur.
La fabrication du cordage a été réservée pendant un temps aux personnes souffrant de la lèpre donnant à ce métier une mauvaise réputation. Les lieux où il se pratiquait, encore appelés maladrerie ou corderie, sont souvent éloignés des bourgs.
À partir du XVIe siècle, une industrie rurale se met en place sur le territoire breton. Si le lin et le chanvre sont cultivés partout, les activités de production et de transformation des toiles qui sont exportées se concentrent dans certains territoires selon leurs caractéristiques géographiques, géologiques et démographiques. La "manufacture" des toiles associe les terres fertiles du littoral, les terres plus pauvres de l’intérieur, les villes, les ports et leurs arrière-pays.
Du littoral vers le centre de la région la proportion des cultures de lin et de chanvre s'inverse. Les terres limoneuses du nord de la Bretagne, soumises au climat océanique, sont propices à la culture du lin, tandis que le chanvre est cultivé à l'intérieur du pays. A travers toute la Bretagne, entre la culture et la commercialisation, les opérations multiples que représentent le semis, l'arrachage, l’égrenage, le rouissage, le teillage, le peignage, le filage, le blanchiment et le tissage font appel à des savoir-faire spécifiques et sont organisés de manière différente selon les régions.
Rencontres et ITV dans les musées et d’associations de sauvegarde de ce patrimoine.
A landerneau et Morlaix au Musée des Jacobins
Après avoir été cultivé sur la côte nord du Léon, le lin qui sert à la fabrication des crées est transformé dans l’arrière-pays léonard, du pays de Morlaix aux communes des marches des Monts d’Arrée en passant par le pays de Landerneau-Daoulas.
A Quintin et St Thélo à la Maison des Toiles
Le lin cultivé dans le Trégor est, quant à lui, transporté dans les pays de Quintin ou Uzel pour subir les opérations qui permettent d’en faire les toiles appelées bretagnes. Sur le territoire des crées, les fils de lin sont blanchis avant d’être tissés alors que les bretagnes sont blanchies une fois tissées. Ces ateliers indépendants composaient un ensemble économique, la «manufacture des toiles bretagnes», pour laquelle travaillaient, au maximum de l'activité, près de 40.000 fileuses et 5.000 tisserands. De nombreux paysans de la zone s'étaient également spécialisés dans le blanchiment des toiles, comme au Quillio. Cette opération durait plusieurs mois et faisait beaucoup pour la qualité des toiles qui étaient ensuite conditionnées en balles, des paquets pouvant atteindre jusqu'à 100 kg. Ces balles étaient acheminées vers Saint-Malo qui, au milieu du XVIe siècle, devient le grand port d'embarquement des toiles bretonnes au détriment de Nantes.
A Locronan et Douarnenez au Port-musée du Port Rhu
Les olonnes de Locronan, exportées via le port de Pouldavid, sont réalisées à partir du chanvre cultivé et transformé autour de la cité de tisserands et jusque dans le Cap Sizun.
A Rennes et Noyal-sur-Vilaine à l’Espace éco-chanvre
Le chanvre cultivé dans les pays de Noyal-sur-Vilaine et Vitré est transformé sur place pour donner respectivement les toiles noyales ou canevas.
A Landerneau avec Mme Andrée Le Gall Sanquer.
L’une des raisons du succès de ces toiles réside aussi dans le suivi et le contrôle de leur fabrication, régis par des règlements établis par le Conseil du Roi. Véritables cahiers des charges pour chaque type de toile, ils précisent la nature et qualité des fibres, le nombre de fil de chaîne, la qualité des filières, la régularité du tissage, la longueur au sortir du métier, le pliage, le marquage, le pacquage, la commercialisation…
Avant leur exportation en Angleterre, Espagne, au Portugal ou vers les Amériques, les ballots de toile sont contrôlés dans les “bureaux de la marque” installés dans les ports autorisés à exporter tel que Landerneau, Morlaix, Saint-Malo, Nantes, puis Saint-Brieuc, Lorient et Vannes. Le bureau est tenu par un commis et deux inspecteurs choisis parmi les négociants des villes en assurent le contrôle. Un coin ou marque de bois enduit portant le chiffre de l’année en cours est apposé sur chaque ballot pour certifier sa conformité. Ces tampons sont détruits chaque année pour éviter les fraudes. Toute tentative de contrefaçon est sanctionnée.
Ainsi, le pliage, le contrôle et le marquage des toiles ont lieu dans les centres urbains, cités marchandes ou ports exportateurs. Les marchands appartiennent aux couches moyenne ou supérieure de la société. Ils communiquent avec les négociants d'autres territoires, commercent et se marient entre eux. De part leur activité et leur dynamisme, les marchands urbains jouent un rôle majeur dans l’économie de l’arrière-pays où sont cultivées et transformées ces plantes textiles. Ces élites se regroupent sous forme de confréries. À Vitré, au XVe siècle, la Confrérie des marchands d’Outre-mer regroupe 40 négociants, à Morlaix, au XVIe siècle, naît la Confrérie de La Trinité et la Confrérie du Saint-Esprit au XVIIe siècle à Landerneau.
En 1685, la Manufacture de Pontaniou est fondée à Brest. Celle-ci emploie des filles de mauvaises vies, maintenues en maison de correction. Un nouvel atelier plus vaste est construit en 1746 puis 1763 et utilise comme main d’œuvre les forçats du bagne de Brest ainsi que des femmes de marins.
Les fibres de lin et de chanvre offrent jusqu’au milieu du XXe siècle toutes leurs qualités aux vaisseaux à voiles de la Marine. Cordages et toiles à voiles leurs permettent d’accomplir leurs missions militaires, scientifiques ou commerciales.
A la manufacture rurale de Noyal-sur-Vilaine est adossée une Manufacture royale à Rennes regroupant une main d’œuvre ouvrière permanente permettant de répondre avec plus de souplesse aux commandes de la Royale. La manufacture dispersée de Locronan répond également aux commandes de la Marine. |
Le Déclin (suite avec historien)
Les guerres de religions internes à la France et les conflits fréquents qui l’opposent avec les pays importateurs à partir du XVIIe siècle ferment peu à peu les marchés européens et américains et amorcent le déclin des manufactures de toiles bretonnes. Quant au marché intérieur, il se réduit dans la seconde moitié du XIXe siècle lorsque la vapeur remplace la voile dans la Marine. La concurrence des filatures de coton du Nord provoque également la diminution de l’usage du lin et du chanvre. Un sursaut industriel marque le XIXe siècle avec la mécanisation des corderies et des ateliers de toiles.
À la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle, la concurrence avec les étoffes venues des comptoirs coloniaux du monde entier (soieries, indiennes, coton…) et le processus d'industrialisation né dans le nord de l'Europe, amènent les négociants à repenser la fabrication des toiles locales. Certains dirigeants de manufactures font appel aux savoir-faire agricoles, techniques et commerciaux des pays du Nord. En effet, une véritable révolution industrielle, notamment dans la production textile, a été lancée dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle au Royaume-Uni.. L’apparition de la vapeur (1830) et du moteur à explosion utilisés dans la Marine sonnent le glas des manufactures de toiles de la région et le début de son appauvrissement.
Pour enrayer le déclin de la production de toile, des marchands léonards créent en 1845 la Société linière du Finistère, basée à Landerneau. Elle fait venir des machines d’Irlande et d’Angleterre, des Ecossais pour encadrer la production. Elle emploiera jusqu’à 2000 salariés, 4000 en comptant la sous-traitance. |
Le Patrimoine
À travers leur patrimoine architectural, les villes, les ports, les bourgs et les hameaux sont les témoins de la prospérité apportée par le commerce des produits dérivés du lin et du chanvre. Les marchands et négociants se font bâtir de riches demeures et hôtels particuliers aux architectures remarquables. Ainsi, les marques de la Confrérie des marchands d’Outre-mer ornent les somptueux hôtels et maisons de Vitré. Les maisons à pondalez du Léon sont des exemples d’architectures spécifiques qui peuvent être interprétées comme un marqueur social de richesse.
L’espace urbain s’organise autour de ce commerce. Des places de marché sont créées et des bâtiments civils tels que des bureaux de contrôle des toiles, des halles, des entrepôts sont construits. Les paroisses ont également bénéficié des revenus que leurs habitants ont tirés de l’activité toilière. Grâce aux dons des plus riches et plus modestes, les fabriques, chargées de la gestion des paroisses, ont fait édifier des églises, comme des enclos paroissiaux ou embelli des édifices existants avec des retables, de la statuaire ou de l’orfèvrerie.
Un avenir propre pour le lin et le chanvre
Avec Michel Blin, agriculteur et membre d’Eco Chanvre
Il y a quelques décennies l'avenir du lin paraissait bien compromis, seule une poignée de professionnels motivés et d'amateurs inconditionnels osaient parier sur l'avenir du lin, cette plante mythique, cultivée depuis des millénaires en Egypte puis en Chine, en Europe et en Amérique.
Mais aujourd'hui la fleur bleue refleurit et reconquiert ses lettres de noblesses, de plus vieux textile du monde, le lin est devenu une plante aux multiples possibilités et utilisations. Différentes filières de production sont en pleine évolution, soucieuses d'adaptation permanente. Avec un hectare de lin on peut produire différents éléments comme :
- 500 jupes, 200 costumes - 50 draps, 200 nappes - 300 mètres de tissus mural - 1 000 panneaux de portière de voiture - 100 litres d'huile de lin pour la peinture - 300 m2 de paillage - 100 panneaux de portières de voiture - 200 kg d'aliments du bétail (Source. La maison du lin)
En compagnie d’Yves Caroff, agriculteur.
Il nous présente les principes des cultures et des récoltes. Une initiative d'autant plus méritoire que, depuis quelques années, on redécouvre les vertus du lin, une plante bien moins polluante à cultiver que le coton et qui possède de nombreuses qualités, alimentaires notamment. |
Beaucoup d'agriculteurs bretons sont en recherche de nouvelles cultures sur leur exploitation. La culture du lin et du chanvre est respectueuse de l'environnement car elle nécessite peu d’engrais et de produits phytosanitaires. Leurs besoins sont également limités en azote et eau. Sa récolte est non abrasive pour les sols ; les racines restant en terre fertilisent les cultures suivantes. Ces plantes sont une excellente tête d'assolement (rotation des sols) cultivées tous les 7 à 8 ans sur une parcelle, elles restructurent les terres en profondeur et permettent d’atteindre des rendements supérieurs l'année suivante. Ces cultures participent enfin à la biodiversité des campagnes, face aux cultures dominantes comme le maïs ou le colza.
Avec Jacques Mourot chercheur à l'INRA
Outre les usages traditionnels comme le cordage, le textile, l’alimentation, le lin et le chanvre sont désormais employés sous de nouvelles formes. Depuis quelques années, ces plantes sont utilisées pour des applications qui tirent profit des qualités techniques de leur fibre. Celle-ci peut en effet être intégrée à des matériaux afin de les renforcer tout en leur conférant légèreté. La recherche porte sur la production de biomatériaux utilisant des produits naturels, recyclables voire biodégradables. De nombreux et nouveaux axes de développement se forment autour des secteurs comme l'automobile le nautisme, l’aéronautique, le sport, l'ameublement, l'alimentaire ou l’éolien.
Lin et chanvre sont également employés dans l'éco-construction ou l'éco-rénovation sous forme de laine, de briques ou d'anas. Ces matériaux constituent d’excellents isolants phoniques et thermiques. En plus de réduire la consommation d'énergie grâce à ses qualités isolantes, le chanvre stocke le CO2 et contribue ainsi à la diminution de l'effet de serre. |
Avec L’association Bleu Blanc Cœur.
Dans l'alimentation, la richesse naturelle de la graine de lin en oméga 3 est mise à profit dans le cadre d'une filière «santé par l’alimentation». Développée par l'association Bleu-Blanc-Cœur, cette démarche reconnue au plan national vise à promouvoir l'utilisation de graines de lin dans l'alimentation animale. En effet, des animaux nourris aux graines de lin produisent de la viande, du lait et des œufs mieux équilibrés en acides gras. On constate également un intérêt pour les bêtes, moins de frais vétérinaires, poils luisants, meilleure fertilisation. 500 produits sont estampillés du logo BBC.
Les graines et l'huile sont excellentes pour les artères. Consommé sous forme de graines ou d’huile, le chanvre présente de nombreux bienfaits nutritionnels. Ses graines sont source de protéines, minéraux, vitamines et fibres, mais présentent surtout une teneur équilibrée en oméga 3 et 6.
EPILOGUEL’équilibre de ces acides gras dans l’huile et les graines est idéal pour la santé des artères et pour faire baisser le niveau de cholestérol dans le sang. L’huile de chanvre, en plus d’être particulièrement riche en nutriments, est parmi les huiles qui comptent le moins de graisses saturées.
Entre passé et avenir, le patrimoine lié au lin et au chanvre constitue une richesse qui ne demande qu'à être valorisée, dans un état d'esprit d'ouverture contemporaine.
Les tisserands dans leurs ateliers, nous permettront par leurs gestes traditionnels et expérimentés, une conclusion haute en couleur. Les lieux chargés d’histoire comme les musées, nous révélerons de précieuses informations sur cette filière de la Bretagne d’antan.
Les agriculteurs et associations bio mettront en valeur toute la filière destiné au consommateur de demain car le problème de la diversification se pose de manière pressante au niveau des productions agricoles, le lin et le chanvre sont des plantes bien bretonnes et leurs utilisations sont aussi diverses que variées.
Le lin, l'or bleu, comme le chanvre, n'ont pas fini de séduire, ni de démontrer leurs multiples qualités. Lin textile, lin oléagineux, lin matériau, ces trois filières sont porteuses d'avenir. Elles sont toutes les trois impliquées dans la recherche de nouveaux produits de nouveaux débouchés. Pour le chanvre, outre son utilisation alimentaire et les biomatériaux, son huile fait des merveilles en cosmétiques grâce à ses propriétés hydratantes.
La Bretagne va-t-elle retrouver sa production et ses surfaces de lin et de chanvre des siècles passés ? Pour notre santé, notre quotidien et notre environnement ?
A travers la mise en valeur de nos recherches, nous nous retrouvons face à de nouveaux enjeux économiques, à un nouveau tournant historique. Mais l'histoire n'est-elle pas un perpétuel recommencement ?
André Espern