Documentaire historique de 52 mn diffusé sur les chaines Bretonnes Tébéo, TébéSud et TVR, Film d'André Espern.
Production de Bretagne-video.fr et Bleu Iroise.
résumé
Une très grande l’importance est donnée au costume traditionnel en Bretagne car c’est un signe de reconnaissance. En effet, la suppression des lois somptuaires ont permis au Bretons le développement de tendances vestimentaires et d’affirmer ainsi leurs appartenance à un pays. Avec l’aide des confédérations et des passionnés, nous avons choisi de présenter l’histoire de ces coiffes et costumes.
Ne pouvant pas tous les présenter en 52 minutes, nous en avons choisi quelques uns par pays, faisant référence à l’esthétique ou la beauté du costume, à l’aspect historique, voire l’anecdote.
Les zones géographiques maritimes, terriennes, les activités professionnelles des autochtones ont déterminées et influencées les choix précis de style, de forme et de couleur. Par exemple, les pays marins ont choisi des couleurs vives; un marin doit pouvoir être repéré loin en mer. Le Kabig, habit de travail très utile pour les travailleurs du Pays du Léon ou le Saulnier de Guérande, sera retenu comme base dans la confection des costumes traditionnels locaux.
La trame de ce documentaire historique de 52 mn nous permettra de découvrir également sur différentes périodes, ce qui fait le charme de ces traditions, mais aussi ce renouveau « celtique » depuis une dizaine d’année, prouvé par le nombre croissant de ces jeunes sur les listes d’attente pour intégrer cercles et Bagadoù.
Qu’est aujourd’hui la réalité culturelle ou sociologique du costume traditionnel, hors du propos folkloriste estival ? Quel est le bien fondé de ce dernier, la recherche, l’affirmation d’une identité?
C’est l’ensemble de cet historique qui sera présenter au téléspectateur, au travers d’interviews et témoignages de cercles, d’érudits, de passionnés, de collectionneurs, de couturiers et de brodeurs d’anciens costumes, de repasseuses de coiffes, d’artistes, et bien évidemment, des travailleurs et créateurs actuels qui nous permettent d’admirer l’évolution, et surtout, le renouvellement des coiffes et des costumes bretons.
SYNOPSIS
Coiffes et Costumes de Bretagne
HISTORIQUE
- Philippe Le Stum, Conservateur du Musée Breton
- Yann Guesdon, écrivain et historien.
Interview au Musée Breton, salle des Costumes Bretons :
Les rares documents antérieurs à la Révolution Française appuyés par certains éléments hors archive comme par exemple la statuaire des églises et des calvaires, vont permettre à l’historien de commencer son exposé. Ainsi dans la chapelle de Saint Fiacre dans le Morbihan, une statut du XVIIIeme de Saint Isidore patron des laboureurs et des fermiers permet d’emblé de se faire une idée sur les costumes bretons de l'époque, où l’on portait guêtres, culottes et Justaucorps. En Bretagne comme partout en France, les paysans étaient sensiblement vêtus de la même manière.
Issue des temps anciens, les lois somptuaires restreignaient luxe et dépense, réservés aux seuls nobles et bourgeois, qui arboraient des étoffes riches, rares, décorées d’ornements précieux. Le peuple devait se contenter de tissus grossiers comme berlingues, droguets, tiretaines ou toiles, produits par l'artisanat local.
On constate à cette époque l’unité dans les vêtements de la paysannerie, avec d’intéressantes caractéristiques locales. La fin du XVIIIème siècle, verra le développement d’innombrables costumes bretons.
Par ailleurs, l'isolement géographique de la Bretagne, renforcé au sud par la barrière linguistique contribuera à la préservation de la tradition vestimentaire.
Après la révolution, le costume breton restera cependant longtemps discret, malgré la suppression des lois somptuaires. La paysannerie récalcitrante vis-à-vis des révolutionnaires qui s’en sont pris à l’Eglise n’adoptera guère les tendances vestimentaires apportées par la révolution. Aussi les Chouans de Bretagne conservaient-ils leurs larges braies en signe de défi à l'ordre nouveau républicain avec leurs ''sans culottes''
Au contraire, bourgeois, commerçants puis paysans enrichis vont puiser dans l’habillement des campagnes, les idées d’un nouveau style vestimentaire local. Ce sera le point de départ de la multiplication des modes paysannes.
Les nouveaux métiers à tisser de Jacquard permirent la création de nouveaux tissus, plus riches et plus aisés à broder. De même les dentelles mécaniques mirent alors à la portée de tous, les ornements des vêtements féminins autrefois réservés aux élégantes de la bourgeoisie. Parallèlement, l'arrivée du chemin de fer ouvrira la Bretagne au monde extérieur.
Les jeunes bretons enrôlés dans les conquêtes coloniales rentreront de campagne, parés de leur plus beaux uniformes, et les bras chargés de tissus de ces contées lointaines (Nankin, Cachemire, Damas), pour leur fiancées. Cela contribuera à apporter des éléments décoratifs nouveaux qui influenceront le vestimentaire breton. La presse de mode parisienne qui pénétrera peu à peu les provinces, suggérera aussi certaine idées, certaines tendances.
« La coiffe dit tout sur celle qui la porte. Suivant sa forme, on sait à quel terroir, à quelle ville elle appartient. Elle raconte le deuil, le demi-deuil, la jeune fille, le mariage, la femme. La coiffe est l’état civil d’une femme »Interview de Yann Gouesdon, grand spécialiste des coiffes et costumes de Bretagne :
Au XIXème siècle, la publicité va s'intéresser aux costumes régionaux en les utilisant comme thèmes de présentation et de vente. Affiches touristiques, produits manufacturés locaux et artisanaux vont se servir des costumes bretons comme élément de réclame. Les produits de Bretagne se vendent avec l'image de ses costumes.
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Les faïenceries de Quimper sauront tirer partie du fameux modèle ''petit breton'' aujourd'hui mondialement connu. Ainsi noces et banquets, scènes familiales et champêtres représenteront des hommes et des femmes en costumes multiples et colorés. |
Après la seconde guerre mondiale, les bouleversements sociologiques profonds, vont entrainer le déclin des costumes ou simplement la perte de leur caractère spécifique. Sans doute, la conséquence inévitable de la disparition des communautés originales dont ils étaient la marque.
Aujourd’hui les costumes traditionnels que les anciens portaient le dimanche et les jours sacrés, ressortent aux grandes fêtes folkloriques. Ils retrouvent leur âme véritable et toute leur signification.
LE RENOUVEAU
- La Confédération Kendalc’h, Mathieu Lamour
- La Confédération War'l Leur, Tristan Gloaguen
Mathieu Lamour nous explique la raison de la création de la confédération Kendalc’h et nous livre les points intéressants de son histoire :
En 1950, Per Jakez Helias va participer à la fusion de divers mouvements bretons. Ainsi à Quimper une nouvelle confédération va être crée sous le nom de Kendalc’h (Maintenir). D’elle dépendront les associations tel: Ar Falz, le Bleun Brug, la BAS, les cercles celtiques.
La confédération Kendalc’h organise des concours, pour y inciter ses groupes à travailler autour du vêtement breton traditionnel ou contemporain.
En 1957, Création de Breiz, organisme de diffusion d’ouvrages sur la Bretagne et des pays celtes, C’est l’origine de la Coop Breizh,
En 1965 après scission avec la BAS, 25 cercles suivent les bagadoù et créent War’l Leur.
Historique et présentation de War'l Leur avec Tristan Gloaguen :
La Confédération War'l Leur, œuvre depuis plus de quarante ans dans l’étude, la recherche, la préservation et la diffusion des arts et traditions populaires de la Haute et Basse Bretagne. Forte de six Fédérations départementales (Morbihan, Finistère, Côtes d’Armor, Ille-et-Vilaine, Loire Atlantique, et Divroët (Cercles Hors Bretagne)), la Confédération regroupe une soixantaine d'ensembles traditionnels classés et une vingtaine de groupes fédérant pas moins de dix mille adhérents.
La commission costume collecte les pièces anciennes en vue de constituer un fonds. Tel un conservatoire du patrimoine vestimentaire de Bretagne, elle centralise, partage et diffuse les connaissances relatives aux costumes en direction des groupes pour leur permettre de mieux les connaître, et mieux les reproduire.
La confédération War'l Leur nous présentera le travail et la transmission des (dernières) repasseuses de coiffes.
LE TALENT DES CONFECTIONNEURS.
Gildas Le Minor, Pascal Jaouen, Odile Le Guyader et Joëlle Le Meur.
Le cercle celtique Ar vro Vigoudenn, le cercle des Eostiged du Stangala, le cercle Bro Goz ar Milinou, Le Pays de Plougastel Daoulas, naissance du kabig, Le cercle Kerlenn Pondi, la fête des lavoirs à Pontrieux, Le Cercle celtique Quic en Groigne, Aux marais de Guérande.
« Kant bro, kant giz/Kant parrez, kant iliz : Cent Pays, cent guises/ Cent paroisses, cent églises »
Avec l’aide des confédérations nous avons choisi de présenter assez brièvement les costumes les plus spectaculaires et typiques, voire anecdotiques de Bretagne.
En effet les zones géographiques maritimes, terriennes, les activités professionnelles des autochtones ont déterminées et influencées les choix précis de style, de forme et de couleur.
Les pays marins ont choisi des couleurs vives, un marin doit pouvoir être repéré loin en mer, Autre exemple, le Kabig, habit de travail très utile pour les travailleurs du Pays du Léon ou le Saulnier de Guérande, sera retenu comme base dans la confection des costumes traditionnels locaux.
Raymond Le Lann, grand passionné des costumes bretons organise « des défilés de cercles celtiques » durant les grands Festivals Bretons. Il nous accompagnera comme référent dans ce documentaire pour nous présenter différents costumes et coiffes de Bretagne. Il permettra ainsi au téléspectateur d’apprendre à mieux connaitre leurs particularités au travers d’anecdotes.
Nous commencerons ce voyage avec le costume du Pays Bigouden, en compagnie de Per Jakes Hélias (images d’archives), que j’avais rencontré il y a une vingtaine d’années. Le Pays Bigouden, la terre natale du romancier est une région reconnue pour sa forte tradition culturelle.
Au musée du Pays Bigouden à pont l’Abbé avec la présidente du cercle Ar vro Vigoudenn
Lorsque l'on évoque le Pays Bigouden l’image qui vient inévitablement à la pensée, est celle de la haute coiffe de dentelle que portent fièrement les femmes du pays.
Cette parure étonnamment haute, est cependant fort récente sous sa forme actuelle. En effet au début du siècle passé, la coiffe bigoudène ne mesurait guère qu’une dizaine de centimètres alors qu'aujourd'hui sa taille est de trente trois.
A ce titre nous rencontrerons Pascal Jaouen, qui nous parlera des brodeurs bigoudens qui ont eu une telle notoriété, que l’on fera appel à eux pour confectionner les costumes de l’Académie Française.L'un des traits remarquable du costume est la broderie dont les motifs d'ornementation sont uniques.
Interview de Isabelle Quintin Avec le cercle des Eostiged du Stangala de Quimper, champion de Bretagne pour kendalc’h
L'homme du pays de Quimper se nomme le "glazik" en français le "petit bleu" du nom de la couleur de drap de fond du costume masculin. Des draperies achetées dans les stocks de l’armée napoléonienne auraient servies à la confection des habits. Les broderies du costume seront toujours à l'image du rang social de l'individu, allant des tons rouges aux bleus en passant par les verts et jaunes.
Rencontre avec Mathilde Trolez Reine de la Fête des Ajoncs 2014.Visite du musée, le costume de Pont-Aven peint par Paul Gauguin.
Rencontre de la Présidente des Fleurs d’Ajonc, Fabienne Gilles, Présidente également du cercle Bro Goz ar Milinou qui collectionne les costumes de toutes les époques du pays de Pont-Aven.
Nous irons à la Fête des Fleurs d’Ajonc filmer le costume du pays considéré comme l’un des plus beaux de Bretagne. Il se singularise par le costume de Borg, un drap noir richement décoré de galons d'argent et de chenilles de couleurs appliquées sur le satin ou la soie. Les femmes du pays portent une grande coiffe à ailes et un large col sur lequel retombe deux longs bandeaux appelés aussi mentonnières. Le col nécessite une préparation particulière : l'empesage à l'amidon de blé et l’utilisation de fines baguettes lors du séchage.
Interview dans le Musée de la Fraise de Plougastel Daoulas Interview et présentation d’une des dernières repasseuses de coiffe et col qui transmet son savoir –faire car sinon nous ne verrons plus ces superbes ensembles.
Le costume du pays de Plougastel Daoulas se caractérise, chez les jeunes filles comme chez les garçons par un choix de couleurs très vives. C’est l'un des plus coloré de Bretagne.
Il s’agit de la seule guise qui a conservé les couleurs du siècle dernier. La jeune fille porte sur ses épaules un mouchoir de coton à motif floral, tandis que celui de la femme est un mouchoir à carreaux.
Au Pays Pagam, sur la côte nord du Finistère, le costume des goémoniers a donné naissance au fameux kabig (ou kabic).
Interview de Gildas Le Minor de Pont l’Abbé qui nous racontera l’histoire de cet habit si particulier.
Il est devenu, avec la marinière et le ciré, l'un des symboles du "vêtement national breton". La "maison Le Minor" à Pont-l'Abbé en fut le principal fabricant
En 1932, un groupe de jeunes Pontivyens passionnés, désireux de faire connaître Pontivy, ses costumes, danses et chants, créent le groupe des « Moutons Blancs » dont l’existence est interrompue par la guerre. Le costume des hommes de Pontivy (les moutons blancs), d’une opposition entre le blanc et le noir, est garni de quantité de boutonsInterview du cercle Kerlenn Pondi, à Pontivy
Interview avec le Cercle celtique Quic en Groigne à Saint Malo18 communes ont adopté cette mode des “moutons blancs” nommée ainsi en raison de la couleur du drap de laine des gilets masculins.
Classé en première catégorie de la fédération de danse War'l leur depuis 1991, Le cercle malouin a été de nombreuses fois Champion de Bretagne.
Il est aussi caractérisé par de gros chiens qui précèdent le cercle lors des défilés.
Interview pendant la fête des lavoirs à Pontrieux
Les femmes portent la catiole de Saint Brieuc, appartenant à la famille des coiffes à ailes. La coiffe est confectionnée dans de la gaze. Les cheveux sont remontés en catogan à l’arrière de la tête. Encore dénommé « boîte-à-laver » car sa forme rappelle cet ustensile utilisé par les lavandières.
Aux marais de Guérande rencontre avec le cercle Bro Gwenrann:
Les différents costumes portés par les danseurs du cercle celtique Bro Gwenrann traduisent la vie rurale ou urbaine d’autrefois du pays guérandais. Le groupe porte le costume de cérémonie des métayers tel qu'il leur a été transmis par leurs parents et grands-parents. Ces vêtements furent utilisés de 1860 à1880. Les danseurs portent aussi le costume de porteresses (porteuse de sel) et de saulniers (artisan du sel). Il s’agit des habits de travail du début du 20ème siècle utilisés par les paludiers dans les marais de Guérande.
Alan Pierre, Raymond Le Lann L’AVENIR
Devant une carte de Bretagne dessinée par René-Yves Creston
L’avenir du costume Breton et ce nombre de plus en plus important de créations de cercles et bagadoù :
Le renouveau « celtique » qui a commencé il y a une dizaine d’année se remarque par exemple, avec le nombre croissant de ces jeunes sur les listes d’attente qui espèrent intégrer cercles et bagadou. Beaucoup de jeunes bretons sont de plus en plus attirés par le port du costume, la musique, la danse, déjà fiers de représenter leur terroir, leur culture…
Les grands rassemblements de passionnés, de créateurs, de danseurs, comme Le Festival Interceltique de Lorient, le Cornouaille à Quimper, la Saint Loup à Guingamp ou la Saint Patrick de Rennes, nous permettront, par l’image, une conclusion haute en couleur. EPILOGUE
Nous redécouvrons aujourd'hui les guises de Bretagne durant ces grandes fêtes. Elles retrouvent leurs âmes véritables et toutes leurs significations. La démonstration et la mise en valeur de nos traditions durant ces manifestations dites « folkloriques » ainsi que les commentaires de ses différents présidents illustreront nos propos: ce souffle évident d’optimisme à la conservation et au renouveau du patrimoine vestimentaire breton…