« A la plage, les coquillages,
aux rochers, les crustacés »
Le film Coquillages et crustacées
Synopsis
Préambule
Arthur est à la terrasse du Penn Ar Bed, sur la plage de Penhors, en baie d’Audierne, pour profiter quelque instant du soleil pendant sa pause. Il ouvre une boite de pied de couteau achetée à la frontière espagnole pour la déguster avec ses amis surfeurs qui le rejoignent à marée basse. Son regard s’attarde sur les pêcheurs à pied tout à coté et revient sur son plat. « Ces pieds de couteau viennent peut être d’ici ! Goûtons voir si c’est bon ! »
L’origine du mot « tapas » nous vient d’Espagne. D’autres produits comme la telline, le pouce pied ou bien encore la civelle sont consommés fréquemment sur les comptoirs du sud de la France ou espagnols, italiens et partent même pour le Japon ? Pourtant toutes ces espèces sont, pour la plupart, d’origine bretonne.
Historique de la petite pêche
Pêcheurs du littoral
Les poissons et les crustacés étaient jadis plus abondants qu'aujourd'hui. Ils constituaient une source de nourriture importante pour de petites communautés qui ne possédaient pas de bateau de pêche. Le système des pièges à poissons était très ingénieux et il pouvait se montrer aussi très efficace. Plusieurs écrits font état de pêches miraculeuses quand, par exemple, un barrage piégeait un banc de sardines ou de mulets.
Le principe de la pêcherie d'estran (l'étroit bandeau entre marée haute et marée basse) est simple. Le pertuis (un filet ou une nasse en osier) du barrage était situé au-dessus du point le plus bas des marées basses et le haut de l'édifice devait être entièrement submergé à marée haute. La plupart de ces constructions sont en pierres. Celles en bois ont quasiment toutes disparu, rongées par la mer ou détruites par les hommes. Loïc Langouët et son équipe en ont identifié plusieurs types : rectilignes ou incurvées, d'autres en S ou en V ; certaines s'appuyant sur des rochers ou d'autres étant isolées.
Les barrages ayant été construits sur l'estran, leurs vestiges ne sont visibles qu'à marée basse ou, pour certains d'entre eux, lors des grandes marées. C'est pourquoi ils échappent au regard des profanes et des nombreux vacanciers qui parcourent chaque année les plages et les grèves bretonnes. Les plus anciens sont éloignés du rivage et se trouvent aujourd'hui au large. Ils sont repérables sur les photographies aériennes grâce aux algues accrochées sur les pierres. Leur position par rapport à l'actuel niveau des marées permet de les dater mais avec une marge d'incertitude de plusieurs centaines d'années. En effet, si on sait que la montée du niveau de la mer a été de 120 mètres depuis la fin de la dernière glaciation, il y a 18 000 ans, celle-ci ne s'est pas produite de manière uniforme d'une côte à l'autre.
Ce n'est que tout récemment que les archéologues ont commencé à s'intéresser aux anciennes activités de pêche que nos ancêtres ont menées le long des côtes. Malheureusement, une grande partie des traces les plus anciennes a été engloutie par la montée du niveau de la mer. Tout ce qui a pu être conservé montre néanmoins qu'il y a 10 000 ans les chasseurs-cueilleurs prélevaient déjà d'importantes quantités de ressources marines et que leur impact sur les systèmes maritimes et côtiers ne doit pas être sous-estimé.
Les archéologues ont déjà recensé plus de six cents barrages à poissons.
«Depuis 2008, notre équipe découvre une pêcherie ancienne à peu près tous les deux jours», constatent Marie Daire et Loïc Langouët, de l'université de Rennes. L'existence de ces barrages de pierre qui permettaient d'emprisonner des poissons à marée basse était connue par la toponymie et des témoignages historiques, mais on ne se doutait pas qu'ils étaient aussi nombreux. Plus de 600 pièges à poissons ont déjà été découverts le long des 1 700 kilomètres de côtes bretonnes, et il y en a certainement beaucoup d'autres. La plupart sont de grande dimension, comme celui de Landunvez-Trémazan . Beaucoup sont anciens : sur 300 barrages déjà étudiés, une vingtaine date du néolithique, une cinquantaine de l'âge du bronze et près de quatre-vingts de l'âge du fer, situés à côté d'ateliers de bouilleurs de sel »
Les autres ont été construits au Moyen Âge, le plus souvent autour des monastères. Ceux bâtis après 1544 ont été détruits sur décision des autorités royales, qui s'estimaient seules propriétaires du domaine maritime.
Les différentes petites pêcheries en Bretagne
Ces techniques de pêche n’existent plus sur le littoral breton, le poisson s’étant éloigné des côtes, mais de petites pêcheries sont toujours présentes. Les coquillages et crustacés consommés en Bretagne sont toujours appréciés.
Pourtant quelques espèces comme la telline, le pouce pied, l’oursin, la civelle, sont des produits presque inconnus des Bretons.
Dans les bureaux de l’entreprise de mareyage de Tito à Lorient, le téléphone n’arrête pas de sonner. Les mails de commandes arrivent nombreux d’Espagne, d’Italie et aussi du Japon. Nous sommes fin août, la période des coques et des tellines a bien commencé.
Avec l’aide d’Arthur, fils du mareyeur, nous démarrons notre voyage à bord de sa fourgonnette, sur ce littoral breton, pour charger ces produits d’exception. Alternant la beauté des paysages, les espèces différentes suivant le lieu, nous allons rencontrer nos pêcheurs professionnels.
A la plage, les coquillages,
aux rochers, les crustacés.
Arthur prend la direction de la Baule où il a rendez-vous en soirée avec Gildas et Thierry pour récupérer des sacs de coques puis prendra la direction du Morbihan en presqu’ile de Quiberon pour des tellines pêché par Yves.
Sur la plage de la Baule, les coques.
En cette journée de grande marée, Gildas se confond parmi les centaines d’amateurs venues gratouiller la vase, à la différence près que la pêche à pied est son gagne-pain.
Gildas arpente l'estran depuis le Morbihan jusqu'à la Vendée. Sa profession : Pêcheur à pied professionnel. Comme lui, ils sont près de 200 dans la région Bretagne à travailler au rythme des marées. Comme lui, ils sont des milliers en France à pêcher moules, coques, palourdes, tellines, algues rouges,... Comme lui, ils sont des millions dans le monde à vivre de cette technique de pêche qui existe depuis la nuit des temps... Et pourtant...
«C'est un des paradoxes de notre métier. L'activité existe depuis la nuit des temps, mais on commence juste à définir des règles». Ce qui n'est pas un luxe. «C'est une profession rock'n'roll», dit-il, faisant ainsi allusion à ces anciens braconniers dans l'impossibilité, jadis, d'être reconnus comme marins, et aujourd'hui légalisés avec l'avènement de la filière. «Et pourtant, le boulot est le même». Le contexte économique, lui, a changé. Comme toute filière professionnelle, il y a désormais des règles. Et l'une d'elles est la préservation de la ressource. C'est ce qui conduit chaque année la profession a fixé des quotas de 150 kg par jour.
À La Baule, le secteur face au Casino et plage Benoît est l’un des plus importants gisements de coques de France, avec la baie de Somme. Mais pour le préserver, l’État y interdit la pêche aussi bien professionnelle que de loisir une bonne partie de l’année. |
Damien Porcher, chef de service de la Délégation à la mer et au littoral « Pour la dernière campagne, nous avions accordé avec Ifremer un quota de 500 tonnes de coques pour les professionnels. En provenance du Nord de la France, de Normandie et de Bretagne, ils ont été nombreux, plus de 150 certains jours, à pouvoir en pêcher des quantités importantes dès septembre – octobre ».
Thierry est un autre des nombreux pêcheurs à pied professionnels qui se retrouvent sur la plage de La Baule lors des grandes marées. Les gros coefficients de marées des jours derniers les ont attirés, et ils sont une quarantaine aujourd’hui. Thierry vient de Vannes pour ramasser les coques.
« La plage Benoît dispose d'un gisement important et la ressource est bien gérée. Il est vraiment rare de trouver autant de coquillages d'une telle taille au même endroit », assure-t-il.« Pour connaître le lieu et la zone précis de prélèvement à chaque grande marée, nous sommes informés par courrier. C'est sur place, que nous découvrons les bouées qui délimitent l'espace qui nous est réservé. » Les autorités de surveillance de l'espace maritime sont omniprésentes et veillent au strict respect des règlements. Une autorisation de 60 kg par personne et par jour avait été délivrée. « Nous devons calibrer notre pêche et j'ai constaté la présence de nombreux jeunes coquillages, c'est bon signe, la ressource se renouvelle », affirme Thierry.
Il pêche les coquillages depuis 20 ans. « Je travaille sur des secteurs qui s'étendent du Golfe du Morbihan à La Baule. Avant, j'étais plongeur avec un long tuba dans la rivière d'Auray, et l'hiver c'était parfois dur. » Aujourd'hui, comme l'ensemble des pêcheurs présents, Thierry a trois heures pour remplir ses sacs. Il dispose d'un drôle de râteau à manche court qui lui permet tout en fouillant le sable de respecter la taille légale des rigadeaux.
« Je n'ai mis qu'une heure et quinze minutes pour atteindre mon quota, précise-t-il. Et c'est beaucoup moins rapide que mes collègues de la Baie de Somme aussi présents. Ils sont toujours les premiers revenir à terre les sacs pleins. Dans le métier on a coutume de dire que si chez nous les enfants naissent avec des hochets dans les mains, chez les pêcheurs Picards c'est avec un râteau. En réalité, ils sont impressionnants et nous n'avons jamais réussi à égaler leur technique. »
Les professionnels viennent de toute la Bretagne et même de Picardie. Une fois extraits du sable, les précieux bivalves sont calibrés, pesés et immédiatement chargés dans le camion du mareyeur. Ils iront rejoindre les bassins de purification avant d'être vendus aux consommateurs locaux, nationaux voire internationaux. L'Espagne est ainsi l'un des plus gros acheteurs de coques, même si en cette saison c'est un peu moins vrai.
Thierry s’approche du camion de marée d’Arthur pour charger ses sacs et récupérer sa feuille de livraison pour la facturation à venir.
Nous poursuivons notre voyage avec notre jeune routier car il a rendez-vous avec quelques amis sur la plage de Mané Guen en baie de Quiberon pour une petite vague. Il rejoindra Jacques et sa femme pour récupérer leurs sacs de tellines pêchées sur cette même plage.
En Baie de Quiberon, la telline.
C’est un coquillage comestible peu utilisé sur nos côtes bretonnes, mais prisé des espagnols. Elle s’apparente et se cuisine comme la palourde ou la coque. On la trouve dans le sable entre 4 et 10 centimètres de profondeur suivant que la marée monte ou descende. Jacques et Annick ont laissé leurs anciens métiers respectifs pour se consacrer exclusivement depuis maintenant dix ans à cette pêche. Cinq jours par semaine, ce couple se rend sur la plage du Mané Guen avec, dans la remorque, les dragues à tellines qu’ils ont construit eux même.
"La pêche à pied autorisée au public, je suis pour. Mais certains ramassent autant de coquillages que nous et revendent à bas prix, sans avoir nos charges". nous précise Annick
Une meilleure sécurité sanitaire La liberté, le fait de ne pas avoir de patron, la nature sont les principales motivations dans le choix de leur profession. Qu'ils entendent protéger, surtout dans une période où nombre de coquillages viennent à manquer. "Nous sommes prévenus par mail des zones interdites à la pêche, pour des questions sanitaires. Les particuliers qui revendent ce qu'ils ont ramassé peuvent se renseigner en mairie ou dans la presse locale, mais je ne garantis pas qu'ils le font tous !"
Autres lieux de récolte de la telline, en baie d’Audierne.
La plage de Tréguennec à côté de la Torche est également un lieu privilégié pour les surfeurs. Arthur nous la fait découvrir avant de retrouver cet après midi Ronan, pêcheur de tellines. Il constate que la côte a encore bien diminuée cet hiver, avec les précédentes tempêtes, et que ces blockhaus, auparavant sur le rivage, se font aujourd’hui recouvrir de vagues.
La telline est ce petit coquillage bivalve vivant enfoui sous le sable et dont on retrouve fréquemment les coquilles vides sur la plage. La telline se développe uniquement dans les zones où il y a un apport d’eau douce. Ce qui est le cas en Baie d’Audierne avec l’exutoire de l’Etang de Trunvel. On peut la pêcher à marée basse.
Pendant quelques mois, les pêcheurs n’ont pas pu récolter de tellines à cause d'une algue toxique en baies de Douarnenez et d’Audierne.
Chaque jeudi, Ronan attend avec angoisse la décision de la préfecture du Finistère. Ce jeudi-là, les services de l’Etat ont encore interdit la pêche des coquillages en baie d’Audierne et de Douarnenez à cause de la présence de toxines produites par l’algue planctonique dinophysis.
« Cela a fait plus de cinq mois que cette algue nous a empêché de pêcher. C’est long ! » nous raconte ce pêcheur à pied professionnel spécialisé dans la telline. Depuis 2010, l’algue dinophysis écourte chaque année de plusieurs mois la pêche à la telline et lorsque les pêcheurs sont enfin autorisés à tirer leur drague, ils en récoltent peu.
Ronan espère que le Parc naturel marin d’Iroise lancera des études pour comprendre la diminution de la ressource de tellines. Car il en va de l’avenir de toute une profession.
Le pêcheur de Plomeur, près de Pont-l’Abbé, a débuté en 1987 avec sa femme Jacqueline. « Nous étions alors 250 dans le Finistère. La pression était sans doute trop importante », consent-il. Par la suite, plusieurs crises ont touché la telline : 1990, 1994, 1999, 2002… La profession s’est donc organisée pour préserver les populations : contingent (nombre de licences professionnelles limitées et encadrées), taille fixée à 2,5 cm, maillage pour la drague, fermeture de la pêche en baie de Douarnenez du 1er juillet au 31 août…
Malgré toutes ces mesures, le nombre de professionnels n’a cessé de baisser passant de 51 en 2010 à 27 aujourd’hui. Ceux qui sont proches de la retraite arrêtent. La moyenne d’âge atteint désormais 50 ans. On est un métier sinistré » Le tonnage a suivi la même courbe descendante : 600 tonnes pêchées dans le Finistère entre 2007 et 2009 ; 70 tonnes l’année dernière. « Pour ramasser le même volume qu’avant, il faut tirer deux à trois fois plus longtemps » Malgré tout, le Bigouden ne veut pas abandonner son métier. Il a démarré en 1987 alors que son centre équestre avait été complètement balayé pour l’ouragan. Ronan et Jacqueline, sa femme, se sont passionnés pour cette activité qui leur procure une grande liberté et un cadre de travail fabuleux.
Il enfile une combinaison de plongée et s’avance dans l’eau, au niveau des premières vagues. Il tire au harnais son chalut-râteau, un gros tamis monté sur roues et dont la lame racle le sable qui est ensuite lessivé par les vagues. Seuls les plus gros galets et les coquillages restent prisonniers. Une fois le chariot plein, le tellinaire revient sur la plage pour finir de trier les coquillages.
Une fois récoltées, les tellines sont vendues à des mareyeurs comme Tito, qui les expédient en Espagne, Italie, Camargue… Ce mollusque bivalve n’est pas consommé en Bretagne. »
Nos voisins italiens ou espagnols consomment beaucoup les tellines au contraire de la France même si, dans certaines régions, il s’agit d’un plat traditionnel cuisiné en persillade comme en Camargue. On les appelle Doucerons en Normandie, pignons en Vendée, et Lagagnons en Pays Basque.
Nous passons le lendemain par la criée de Lorient pour l’achat de pouce pied.
Sur les falaises de Belle-Ile et du Cap Sizun, le pouce pied.
Les « treid moc'h » ou pouces-pieds sont d'étranges crustacés dont les plus belles colonies se trouvent à Groix et à Belle-île.
Malgré leurs apparences les pouces-pieds sont bien des crustacés. Ils peuvent atteindre jusqu’à 10 cm de haut, mais il convient de choisir des sujets ni trop grand, ni trop petits.
«On dirait des ongles de dinosaure, à Groix, on les appelle des treid moc'h, en breton ça veut dire pieds de cochons », explique Catherine, de la Réserve naturelle : « En français, on dit pouces-pieds. C'est grand comme un pouce et ça ressemble à un pied... À Belle-Île on les appelle juste « treid ». Car les plus belles colonies de pouces-pieds d'Europe se trouvent à Groix et à Belle Île. On en trouve aussi sur les côtes espagnoles et portugaises mais là-bas, ils en sont si friands que les colonies ont été décimées. C'est vraiment une drôle de bête, ajoute-elle. Et pendant longtemps on n'a pas su où la ranger. Ce n'était pas un mollusque, mais de là à penser que c'était un crustacé, il fallait de l'imagination. C'est quand on a pu étudier sa larve planctonique, que l'on s'est rendu compte que c'était une larve de nauplius, la larve des crustacés. »
La pêche des pouces-pieds est autorisée du 16 janvier au 14 mars et du 16 septembre au 14 novembre
«Les pouces-pieds, hermaphrodites, se nichent dans les failles et les interstices de la roche. Ils aiment les endroits battus par le vent et la houle, là où ils ont sans doute le moins de concurrence avec les moules. » Car la progression des colonies est très lente. Les larves se fixent près des adultes déjà installés, parfois sur leur pédoncule. « C'est pour cela qu'il ne faut pas les arracher, recommande Catherine. Il faut seulement cueillir les plus gros à l'aide d'un couteau. Sinon, la colonie disparaîtra. » Attaqués par les goélands, les étoiles de mer ou les vieilles, les pouces-pieds sont surtout menacés par les pêcheurs indélicats. « Aujourd'hui, la pêche est réglementée, précise Catherine. On peut ramasser 3 kg par personne et par jour, aux dates fixées par le comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Bretagne»
Eric les pêche ou les cueille, suivant le temps ou la marée. En effet on peut les trouver en contre bas des falaises, la cueillette s’apparente alors à de l’escalade, ou sur les petits îlots nombreux aux abords des côtes de Belle-Ile. Eric s’y rend alors en bateau et récupère tant bien que mal ces crustacés qui se collent aux rochers. Longtemps ils ont été considérés comme médiocres mais ils ont été réhabilités et se vendent désormais à prix d’or en Espagne et en Italie.
Arthur est tout à côté sur la plus emblématique et la plus vaste de la côte sauvage, la plage de Donnant. Très prisée des amateurs de fortes vagues, elle a déjà servi de cadre aux épreuves du Championnat de France de Bodyboard, et Arthur en profite pleinement avec ses amis Belle Illois avant de retrouver Eric et sa « cueillette » sur le parking
Nous le retrouvons le lendemain sur les déferlantes de la plage de St Tugen en Cap Sizun. Il va également en profiter pour naviguer le long des falaises sur un kayak de mer. Il aperçoit Yves, un autre pêcheur de pouce pied, sur ces rochers attaqué par la houle.
Les pouces-pieds sortent souvent de l'ombre par la porte des tribunaux. Tous les ans, des braconniers sont jugés pour quelques centaines de kilos arrachés aux rochers à destination du marché espagnol.
Mais il existe aussi une pêche légale en Cornouaille. C'est une des pêcheries les plus confidentielles et les plus réduites en Cornouaille. Au point qu'il est difficile de la quantifier. Dix licences de pêcheurs professionnels: quel volume? Quels prix? Le pouce-pied, inaccessible au pied des falaises battues par la mer, reste aussi mystérieux sur les marchés.
«La pêche professionnelle est interdite en juillet et août, dit René-Pierre, du comité local des pêches du Guilvinec. On en trouve pourtant épisodiquement toute l'année sous criée. Ce n'est pas normal». Il met tout de suite le doigt sur la part obscure du pouce-pied. Des professionnels autorisés, bien sûr, mais du braconnage encore plus sûrement.
Les gisements de pouces-pieds existent donc au pied des falaises du Cap-Sizun sur les cailloux des Glénan ou aux Étocs à Saint-Guénolé. Suffisamment pour que le comité régional des pêches délivre des licences, par quartiers. Celui de Concarneau-Les Glénan dispose de quatre licences, Douarnenez-Camaret de six et aucune pour Le Guilvinec.
Yves est l'un des rares pêcheurs professionnels titulaire d'une licence pour le pouce-pied. « Il y a cinq licences ici, mais je ne vois jamais personne d'autre », La pêche au pouce-pied est une petite niche pour les professionnels locaux. L'an passé, j'ai fait seulement une dizaine de jours », ajoute Yves, qui traque aussi la daurade, le maquereau...
C’est pourtant une pêche très dangereuse :
Il faut bondir au moment ou la houle monte et s'accrocher aux roches qui écorchent les mains. Deux heures de boulot, avec un burin affiné et un couteau à bout rond. Les pouces-pieds sont coincés dans les failles. Les crustacés se décollent par grappes. Les plus beaux se trouvent sur des à-pics inaccessibles à cause du ressac. L'horaire est serré. Yves pourrait rester encore un peu, mais il faudra être à la vente de 16 h à la criée d'Audierne. Il est temps de se replier. Quatre sacs d'une dizaine de kilos ont été remplis. Le pêcheur jette les sacs à bord, puis, profitant encore de la houle, saute dans l'embarcation instable. Direction la criée d’Audierne, où les 38 kg mis en ligne seront vendus autour de 8 € le kilo.
Ce jeudi est seulement son deuxième jour au pouce-pied depuis le début de l'année. « La première journée, j'avais fait 45 kg et rapporté 380 € ». Pas la fortune pour le Capiste.
Les acheteurs suivent les cours sur des écrans ou cadrans dans les salles de vente ou se connectent depuis leurs magasins pour achetés dans les criées et ces pouces pieds sont souvent achetés par Tito et récupérés par Arthur.
René-Pierre Chever s'avoue incapable d'annoncer un tonnage de prises. Le chiffre de 700 kg vendus à Audierne cette année, a été avancé. Quant aux prix? «J'en ai vu à 40 ou 50 € le kilo ici, mais jusqu'à 150 € sur le marché de Santander», assure-t-il. Car le pouce-pied reste rare et cher. Ce crustacé a une croissance lente et une implantation réduite vues ses exigences. Les quotas professionnels sont fixés selon les quartiers, le pouce-pied arrivera donc à survivre en Cornouaille tant que le braconnage sera jugulé.
Si les Espagnols viennent chez nous braconner, c'est parce qu'il n'y a plus rien chez eux». À noter que les «plaisanciers» ont un temps de pêche réduit du 15 janvier au 15 mars et du 15 septembre au 15 novembre, avec un maximum de 3kg par personne et par jour. Les licences délivrées en Cornouaille, contrairement à celles des Morbihannais utilisées en majorité en mono activité, permettent une activité d'appoint par exemple pour les pêcheurs de tellines, voire un goémonier en baie de Douarnenez.
En Bretagne, 40 des 60 licences sont dans le quartier de Vannes-Auray. Il produit près de 80t. Tout passe directement du panier du pêcheur au camion qui va en Espagne où l'acheteur fixe les prix. Impossible, donc, d'avoir une vision précise du chiffre d'affaires de la filière.
Retour à Lorient pour Arthur, car son chargement repartira tout de suite vers le sud de la France avec d’autres produits.
Nous le retrouvons dans sa tournée du mois de mars pour un produit d’excellence auprès des pêcheurs de civelles au port d’Arzal.
La civelle au barrage d’Arzal
La civelle, petit de l’anguille, est un poisson migrateur. Elle part de la mer des Sargasses pour finir son voyage au large de l’Angleterre Tout au long de son périple, elle va chercher à remonter les rivières d’eau douce. Le barrage d’Arzal qui fait la jonction entre la Vilaine et l’océan atlantique est bien évidemment un site de choix. Lionel la pêche depuis maintenant dix ans. Entre janvier et mars plusieurs dizaines de bateau se réunissent pour se rendez-vous exceptionnel.
Trois heures du matin, cale de Vieille-Roche à Arzal-Camoël. Sur le quai, une animation inhabituelle à cette heure de la nuit ; sur la Vilaine, une noria de petits bateaux. La pêche aux civelles est ouverte depuis le 1er décembre et fermera le 30 avril. Aujourd'hui, 17 bateaux de pêche profitent de la marée montante pour récolter quelques kilos de civelles qu'ils vendront aux quatre mareyeurs qui attendent sur le quai. Mais, ne nous y trompons pas, ces alevins d'anguilles ont une grande valeur. D'abord parce qu'ils sont revendus environ 300 € le kilo, ensuite parce qu'ils sont l'avenir du repeuplement des anguilles, aujourd'hui menacées de disparition. Ces petits poissons de moins de 12 cm de long sont transparents et il en faut 3 000 pour faire un kilo. Au cours de leur existence, ils remonteront les rivières et, dans neuf ans, ils retourneront vers la mer des Sargasses pour se reproduire.
A l’aide de nasses réglées à différentes profondeurs, les pêcheurs ramènent environ deux kilos de civelle. Ces dernières partiront ensuite pour l’étranger en transitant par le père de Yann, mareyeur attitré de Lionel.
Aucune civelle ne reste sur le territoire français. Les espagnols les dégustent sous forme de tapas, en friture. Les chinois par contre continuent de les élever pour qu’elles deviennent anguilles.
Seuls les pêcheurs certifiés sont autorisés à les pêcher. Guillaume Le Priellec est en charge de la qualité de la civelle au comité régional des pêches maritimes de Bretagne. Il précise : « Délivrées par le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins, les licences accordées aux pêcheurs sont contingentées et les conditions d'attribution sont très strictes. Dans l'estuaire de la Vilaine, seuls 60 bateaux sont agréés. Ils doivent être d'une longueur inférieure ou égale à 12 mètres et la puissance des moteurs est limitée. Des quotas individuels sont imposés aux pêcheurs et le matériel de pêche est précisément défini : deux tamis par navire avec une entrée circulaire d'un diamètre maximum de 1,20 m et d'une profondeur maximale de 1,30 m. Les jours de pêche et les horaires sont imposés, et les bateaux commencent à pêcher à minuit pile. ».
Petite pêche sous marine
Notre parcours à la recherche de nouveaux produits appréciés par les sudistes nous mène sur d’autres lieux superbes de la Bretagne.
L’ormeau, sur la côte d’Émeraude.
C’est dans la région de Paimpol sur la côte de granit rose que Jean-François et son fils pratiquent la pêche aux ormeaux avec passion.
C’est un gastéropode très aplati. Sa coquille est percée de six ou sept orifices. L’intérieur est nacré, souvent utilisé comme cendrier. Sa vente et sa pêche sont très réglementées. Il est en voie de disparition. L’ormeau se trouve entre 4 et 20 mètres de profondeur suivent la température de l’eau. Leur plongée en bouteille s’effectue aux environs des sept îles. Là, les fous de basant et les phoques les regardent avec curiosité. Une plongée de toute beauté.
Arthur profitera de son voyage dans le « Nord » pour s’arrêter aussi du côté de Roscoff pour charger des palourdes ramassées à pied dans La baie de Morlaix.
D’autres palourdes, un peu plus grosses car pêchées d’une autre façon, sont achetées à la criée de Lorient ainsi que des oursins par Tito, notre mareyeur.
Ils rejoindront ses viviers avant l’exportation prévue dans quelques jours.
Dans le Golfe du Morbihan
La palourde, Stéphane à l’aide d’un tuba de 1.5 m, la pêche dans les eaux sablonneuses du golfe du Morbihan.
Il y a la palourde et la fausse palourde appelée aussi « mactre ». C’est un excellent coquillage, le plus souvent dégusté cru. Ce bivalve peut atteindre 5cm de diamètre. La marée n’a pas vraiment d’incidence sur la pêche de ce coquillage, seul la technique change. A marée basse on la pêche à pied et à marée haute à l’aide d’un tuba d’environ 1m50.
L’oursin, Il en existe plusieurs variétés. L’oursin violet est le plus estimé. Il est gros comme une mandarine et très recherché. Frédérique le pêche en apnée à partir du mois de novembre. Attention il faut se méfier des épines qui transpercent facilement la peau même à travers la combinaison. Ils sont très peu à pratiquer cette pêche, il faut être passionné par les fonds sous-marins où l’on fait parfois de drôles de rencontres
La règlementation
En compagnie de Louis, pêcheur occasionnel, dans la ria de Mousterlin ;
« Dans les années 1980, ici au Letty, les coques se ramassaient facilement. On faisait un petit feu à coté de la plage pour le pique-nique. On mettait à cuire une petite part de notre pêche dans une boite de conserve vide et on se régalait…
Aujourd’hui, la pêche aux coques est très rare, on nous interdit fréquemment de les ramasser. La pollution serait certainement dû à cette urbanisation. Tout le monde voulait sa maison secondaire au plus près de la mer. Mais il n’y avait pas de « tout à l’égout » et les fosses n’étant pas toutes très étanches, les eaux polluées prenaient rapidement la direction de la mer… »
Julien Chevé d'Ifremer et Sophie Leonardi Ingénieur économiste halieute
La pêche à pied de coquillages est une activité profondément ancrée dans la culture locale des communes littorales. Elle est aujourd’hui un métier pour certains et une activité ludique, bien souvent familiale, pratiquée toute l’année par une population locale ou saisonnière. Elle regroupe l'ensemble des techniques de pêche pratiquées sans l'emploi d'une embarcation sur le rivage, les rochers ou les îlots. |
Si cette activité concerne également les crustacés et les poissons, le principal risque sanitaire provient de la consommation directe de coquillages filtreurs contaminés. Par leur activité de filtration, certains coquillages concentrent les contaminants qui peuvent être présents dans l’eau et les sédiments. Aussi, la consommation de coquillages, s’ils proviennent de secteurs insalubres ou temporairement contaminés, peut avoir des conséquences sur la santé. La pêche à pied, professionnelle ou de loisir, est encadrée par des réglementations en vue de préserver les stocks, l’environnement, et plus particulièrement la santé des consommateurs.
Les réglementations et les recommandations qui encadrent la pêche à pied de loisir sont nombreuses (quotas, tailles, préservation de la biodiversité, risques sanitaires…).
Face au regain d’intérêt que connaît la pêche à pied récréative depuis quelques années, l’Ifremer et l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Bretagne ont mis en place un site internet dédié à la communication des risques sanitaires liés à cette pratique en Bretagne. Le projet met pour la première fois à disposition des plaisanciers une information complète et harmonisée à l’échelle de la Bretagne sur les aspects sanitaires de la pêche à pied.
La ressource
Du côté de Châteaulin, un « Plan anguille »
C'était une première, mercredi matin : 435 kg de civelles ont été déversées dans l'Aulne, entre Pleyben et Châteauneuf-du-Faou. Objectif : suivre ces bébés anguilles pendant trois ans. Une opération scientifique sérieuse, qui implique plusieurs organismes à l'aide d'un financement majoritairement public, mais aussi privé. Il y a là des Parisiens, des Basques, des Rennais, des Finistériens, et un camion frigo. À l'intérieur, des caisses de marée en polystyrène où grouillent ces petits vers transparents qui s'achètent entre 150 et 200 € le kilo, en Espagne ou au Japon. Des civelles, bébés anguilles.
Il transporte 435 kg de civelles vivantes pêchées à Arzal. Mais ce n'est pas leur prix de vente qui intéresse la quarantaine de personnes présentes. La civelle est un excellent marqueur de la biodiversité. Mais voilà : « Les stocks ont baissé de 80 %, entre les années 70 et aujourd'hui », témoigne Guillaume Le Priellec, responsable des poissons migrateurs à la Fédération régionale des pêches. Il est le seul à donner un chiffre : « Nous en avons là 1,3 million ».
Ce poisson extraordinaire passera bientôt de l'eau douce à l'eau salée, pour grandir dans la mer des Sargasses, aux Caraïbes, à 6 000 km de la Bretagne. Au stade adulte, l'anguille reviendra dans la rivière qui l'a vue naître. Ou pas. Quand Sylvestre Boichard, chargé de mission à l'Epaga , énumère les raisons de sa disparition progressive, il ne s'arrête plus. « Les barrages, qu'on a beaucoup construits dans les années 70, la pollution, le changement climatique, qui a pu modifier le Gulf Stream, ce courant qui les porte, la pluviométrie qui baisse, les prédateurs...»
Cette opération a un coût partagé : côté public, il est de 180000€, côté privé (mareyeur) 100 000 €. « Ce n'est pas seulement le coût de la civelle, insiste Guillaume Le Priellec. Il s'agit du suivi de l'opération. Le cabinet Fish Pass, de Rennes, va les suivre pendant trois ans. »
Sur les berges, Deborah Gornet photographie les mises à l'eau. Cette chargée de mission travaille à l'association pour le repeuplement de l'anguille en France (ARA). « Nous réalisons ce genre d'opération dans les rivières à anguilles. C'est la première fois que nous venons sur l'Aulne. Une rivière choisie pour sa largeur, ses bons habitats, son absence de surpêche et la possibilité de dévaler. »
La consommation est un facteur important de disparition. Aujourd’hui, l’Asie est le plus gros consommateur de civelles, avec un prix au kilo s’élevant à 600 €, et entre 150 et 350 € en Europe. « Aujourd’hui, 40 % des civelles sont destinées à la consommation et 60 % à l’élevage et au repeuplement dans toute l’Europe », conclut Guillaume Le Priellec. L’équipe de professionnels de la pêche a effectué le protocole toute la journée, jusqu’à ce que la dernière civelle rejoigne les courants de Centre-Bretagne. Cette opération est organisée dans le cadre du « Plan anguille » lancé au niveau européen en 2007 : « C’est une solution pensée pour remédier à l’urgence de cette espèce en voie de disparition, explique Déborah Gornet. On a observé, depuis une vingtaine d’années, un déclin de l’espèce, principalement à cause de l’activité humaine, comme la construction de barrage, ou à cause des prédateurs comme le silure de plus en plus présent… »
La recherche, l’avenir.
Pierre Mollot biologiste
Pierre Mollo est biologiste, enseignant et chercheur, spécialisé dans l'étude du plancton marin. Il nous parle de l’estran, zone de marnage, partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées qui peut abriter de nombreux sous-habitats naturels Il est un lieu de vie important pour notre planète à protéger de toute urgence.
Lionel Feuillassier, chercheur
La devise du Marinarium est de connaître et comprendre la mer, pour mieux la respecter. Aux côtés des scientifiques, l’équipe pédagogique a sélectionné des aspects marquants de la vie marine, illustrés grâce à des supports variés
La station accueille une cinquantaine de chercheurs, techniciens, ingénieurs et doctorants. Un petit monde qui évolue sur trois niveaux et les 1 500 m2 de viviers, destinés au stockage et aux expérimentations en pleine eau sur les organismes marins, et les 1 800 m2 de laboratoires et annexes.
Toute une pléiade de chercheurs de renom a laissé son empreinte à Concarneau : De Pouchet, identifiant Dinophysis dans les années 1880 (une micro-algue responsable de la production de toxines qui contamine entre autres les mollusques), à la découverte majeure de Roche en 1952 (l’hormone thyroïdienne active), en passant par Chabry qui pose les fondements de l’embryologie moderne et développe les premiers instruments de micro-manipulations.
Le Marinarium opère avec les trois universités bretonnes, Brest, Lorient et Rennes, et accueille souvent des chercheurs britanniques et allemands. Pour ses travaux, l'établissement entretien des liens avec la communauté scientifique mondiale. C'est aussi un établissement d'enseignement supérieur à vocation internationale.
Le chercheur nous permettra de comprendre l’enjeu de ses recherches sur les océans. Il travaille dans plusieurs directions, la valorisation des ressources marines et l'écologie côtière.
Les écoles de pêches
Pêche à pied. Une formation obligatoire délivrée à Paimpol
A la suite de l'Arrêté du 4 novembre 2011 définissant le contenu du stage de formation conduisant à l'obtention de la capacité professionnelle « pêche maritime à pied à titre professionnel », le lycée Pierre-Loti de Paimpol est le premier établissement en France à dispenser le stage de capacité pour pouvoir exercer le métier de pêcheur à pied.
Rencontre avec son directeur Denis Beric: » Dorénavant, les pêcheurs qui souhaitent obtenir un permis doivent obligatoirement suivre une formation. Il faut sensibiliser les futurs professionnels sur les enjeux environnementaux, sur la réglementation, mais aussi sur des savoir-faire scientifiques et techniques »
Depuis novembre 2011, le ministère de l'Écologie a décrété que les nouveaux pêcheurs à pied doivent être formés. La première session de formation s'est ouverte au lycée maritime de Paimpol, une première sur le territoire national.
La première session du genre, avec huit stagiaires, a démarré le 18 mars au lycée professionnel maritime Pierre-Loti. « La profession a souhaité que les nouveaux venus soient sensibilisés à un certain nombre d'éléments comme les enjeux environnementaux, la réglementation, le savoir-faire scientifique et technique, la valorisation des produits, la gestion de l'entreprise... », explique Denis Beric, directeur du lycée maritime. Un chef d'établissement qui n'est pas peu fier de souligner que Paimpol est précurseur en la matière : « Le lycée maritime est le premier à proposer cette formation sur le territoire national. C'est une mission de service public mais cela participe aussi à la valorisation de l'image de l'établissement
Une formation qui se répartit en 120 heures d'enseignement théorique et 90 heures d'immersion professionnelle, à l'issue desquelles sera délivré un certificat de capacité professionnelle, intitulé « pêche maritime à pied à titre professionnel ». Sous condition, bien sûr, de passer avec succès la soutenance, prévue le 21 juin. Les nouveaux pêcheurs à pied professionnels devront donc désormais justifier de leur certificat de capacité, mais aussi du permis délivré par les autorités maritimes et de la licence accordée par le comité régional des pêches, afin de pouvoir exercer leur activité, des pêcheurs surpris de devoir retourner sur les bancs de l'école. Le lycée a cependant adapté les semaines de cours en fonction des grandes marées, car les stagiaires poursuivent également leur activité professionnelle. Ils en ont le droit, l'arrêté de ministère de l'Écologie prévoyant évidemment une phase de transition administrative. « Nous avons fait en sorte que cela impacte les stagiaires le moins possible et que le manque à gagner soit le plus faible possible », a conclu Denis Beric.
Le braconnage, les filières
Braconnage de coques à la Baule…
L'unité littorale des affaires maritimes dans le cadre d'une mission anti-braconnage. À leur arrivée, mardi vers 23 heures, sur ce site très prisé par les pêcheurs à pied, les trois agents tombent sur trois braconniers en pleine action. La patrouille intercepte rapidement leur véhicule. Deux des trois personnes sont interpellées. La troisième parvient à prendre la fuite.
Dans le véhicule, les agents retrouvent des vélos, des vannettes, des seaux, des râteaux. Bref, l'attirail complet du parfait pêcheur à pied. Surtout, ils constatent la présence de plusieurs sacs de coques, plus d'une dizaine. Au total 414 kg de coquillages.
Après vérifications, les deux braconniers interpellés sont en fait des pêcheurs à pied professionnels venus du Nord de la France pour profiter des conditions idéales pour la pêche. Le matériel a été saisi. Les deux hommes encourent de lourdes sanctions administratives et pénales : jusqu'à 22 500 € d'amende et retrait de leurs autorisations de pêche.
Braconnage de pouce pied en Cap Sizun et en presqu’ile de Crozon…
C'est une pêcherie qui défraye plus la chronique pour ses braconniers, que pour ses professionnels.
Tellement prisés par les Espagnols qu’ils décident de venir les chercher eux-mêmes : en juin, deux équipes de braconniers espagnols ont été interpellées sur le littoral du Finistère. Ils détenaient près de 110 kg de pouce-pied :
À la pointe du Toulinguet, ils étaient 4 à pêcher dans le parc naturel marin d’Iroise. En début de matinée, l’un a été interpellé par une vedette de gendarmerie maritime, en possession de burins et de trois sacs à dos dont l’un contenait 10 kg de pouce-pied. Ses trois complices présumés ont été contrôlés environ une heure après alors qu’ils rejoignaient leur véhicule.
Le second groupe de trois personnes a été surpris alors qu’il quittait la pointe de Luguénez près de Beuzec-Cap-Sizun près d’Audierne, au volant d’un fourgon chargé de près de 100 kg de pouce-pied et de matériel de pêche (combinaisons néoprènes, burins). Ils ont été interpellés par les agents de l’unité littorale des Affaires maritimes de Douarnenez avec le concours de la gendarmerie départementale.
Les braconniers sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Quimper et encourent une amende de 22 500 euros, et la confiscation des véhicules.
La pêche du pouce-pied, crustacé à croissante lente, est interdite du 15 mars au 15 septembre et du 15 novembre au 15 janvier. Vendu à près de 70 € le kilo en Espagne, il fait l’objet de braconnage sur les côtes bretonnes, de Belle-Île à la presqu’île de Crozon.
Braconnage de civelles en pays Bigouden …
Une vaste opération de contrôle de la pêche et du transport de civelles a été menée dans la nuit du 12 au 13 février. Les 60 agents de l’État mobilisés ont dressé huit procès-verbaux. Trois braconniers déjà connus des autorités ont été pris sur le fait avec une dizaine de kilos de civelles.
La gendarmerie de Pont l’Abbé a annoncé, au mois de juin, le démantèlement d'une filière de braconniers de civelles, qui allait du Pays Bigouden au Pays basque sud. Neuf personnes ont été interpellées et 645 000 € saisis.
L’exportation,
L’exportation de ces produits se fait heureusement et également d’une façon rigoureuse et normale pour nos pêcheurs bretons. Ils perçoivent ainsi une rétribution par les mareyeurs locaux.
Tito, le mareyeur breton, père d’Arthur, commercialise ses achats en Espagne, aidé par un cousin basque qui a un entrepôt et des viviers à la frontière. Arthur fait ce trajet de temps en temps. Nous suivons le circuit d’expédition des produits de la mer, car ces derniers doivent arriver vivants pour leurs transformations et leurs conditionnements.
Nous en consommerons quelques uns, cuisinés en tapas, avec gourmandise sur quelques comptoirs de San Sébastien ou d’Irun.
Arthur fera bien évidemment une petite halte à Hendaye, à la frontière, pour acheter des boites de tapas qu’il ramènera à ses amis surfeurs en Bretagne :
« Un petit bannick ira avec vous, au Penn Ar Bed, sur la plage de Penhors ? »
Le constat
La parole est donnée à nos pêcheurs, pour une déclaration sur des images alternant paysages, pêcheurs et produits de la mer de la Bretagne.
Ils sont très inquiets pour leur avenir car la mer nourricière est aujourd’hui menacée. Ils feront le maximum pour la protéger, nous permettant ainsi, de continuer à nous nourrir de ses ressources :
« Notre richesse réside dans notre diversité et notre polyvalence. Depuis des décennies, nous nous sommes adaptés aux spécificités de nos territoires de pêche en développant de multiples techniques et en ciblant différentes espèces. Nous respectons ainsi les rythmes biologiques au gré des saisons. Nous souhaitons préserver ces savoir-faire, conserver toute notre polyvalence et demeurer indépendant dans le choix de notre outil de travail.
Nos pratiques ont un faible impact sur l’environnement marin et n’occasionnent que très peu de rejets grâce à leur sélectivité.
Notre dépendance à nos zones de pêche et à la ressource nous conduit depuis longtemps à gérer notre territoire et à réguler notre effort de pêche afin de pérenniser notre activité. Nous souhaitons plus que tout transmettre un littoral et l’océan sain à nos enfants. »
André Espern