Pêche au congre sur le « Rêve bleu »
le lien pour visionner pêcheurs de congres à la palangre
-Jean-Claude Cossec, 34 ans, marin bigouden, est pêcheur de congre à Loctudy. Son bateau, « Rêve bleu », un canot en bois de 7,20 m construit en 1974 aux chantiers Querrien de Concarneau est amarré au ponton des côtiers à l’intérieur du port. « Rêve bleu » est propulsé par un moteur Volvo de 120 CV
-Le bateau est équipé d’un pilote automatique, d’un radar, d’un sondeur, d’une VHF, d’un GPS, d’un traceur vidéo.
Le pilote automatique, comme son nom l’indique, permet d’afficher et de maintenir le cap sans intervention humaine. Une simple manœuvre permet cependant de le débrayer instantanément.
Le GPS, abréviation de Global Positionning System, est un appareil de navigation calé sur satellite. Sa précision lui permet d’afficher, de suivre, de mémoriser des caps et des routes d’une façon remarquable. Couplé au GPS, le traceur vidéo est une carte marine électronique capable d’enregistrer de répertorier et de reproduire une très grande quantité d’informations.
La VHF, de l’anglais Very High Frequency, permet aux marins de communiquer entre eux. Branchée en permanence elle possède un canal de sécurité, le canal 16, dont l’utilisation est strictement réservée aux SOS ou aux urgences. Les autres canaux sont libres. Jean-Claude, par exemple, communique sur le canal 14.
-La pêche artisanale au congre est une activité difficile, dangereuse, exigeant une grande résistance physique. Elle se pratique l’hiver près de la côte, au large à la belle saison.
-Les marins utilisent des palangres, des lignes en Nylon de 150/100ème , longues de 800 m, munies de 150 hameçons 8.0 (lire : huit zéro) espacés de 4 m. Des poids de 600 gr échelonnés tous les 6 hameçons stabilisent la palangre dans l’eau.
-Les appâts (ou boëtte) utilisés frais ou congelés sont le maquereau, le chinchard, le lançon (ou équille) ou la sardine. Celle-ci, comme c’est le cas aujourd’hui, provient de Saint-Guénolé, dans le Pays Bigouden, premier port sardinier de France.
-La matinée est consacrée au boëttage des palangres. La sardine, relativement fragile est un mets de choix pour le congre. Son accrochage sur l’hameçon permet à la ligne de jouer dans le courant, augmentant d’autant le pouvoir attractif de l’appât. Il peut alors, pour le redoutable prédateur qu’est le congre, figurer, un poissonnet blessé, une proie facile à dévorer.
-Les 8 palangres du « Rêve bleu » sont soigneusement lovées dans des fûts d’environ 1,50 m de hauteur sur 0,90 m de diamètre. Ce rangement précis et rigoureux, qui dure environ 2 heures, est indispensable la qualité de la pêche et à la sécurité du marin. C’est une longue préparation pour laquelle Jean-Claude reçoit régulièrement l’aide de Louis, son père, à la retraite.
-En début d’après-midi Jean-Claude met le cap sur les lieux de pêche, une zone située dans le secteur des îles Glénan et de l’île aux Moutons. Les lignes sont « filées » (mises à l’eau) sur des fonds rocheux de 30 à 60 m. Ce site accidenté abrite du congre, mais aussi du lieu, du tacaud, de la raie, du bar, de la lingue ou julienne…
- De gros maillons d’environ 5kg habituellement destinés l’amarrage des panneaux des chalutiers maintiennent les palangres au fond. Elles sont repérées en surface par des bouées et des pavillons de couleur.
-Les palangres sont mises à l’eau manuellement, moteur en marche, le bateau avançant à environ 6 nœuds, soit 10 km/h. Le défilement rapide des hameçons, la moindre faute d’inattention, peuvent avoir des conséquences dramatiques. La mer, très hachée durant l’hiver, contribue d’autant à accentuer les difficultés d’un métier aujourd’hui peu pratiqué artisanalement.
-Le filage d’une palangre dure de 20 à 30 mn. Il exige de grandes précautions. Un hameçon planté dans la main pouvant avoir des conséquences dramatiques, surtout par mauvais temps.
-Il est environ 18 H quand « Rêve bleu » touche Loctudy. Le départ du port aura lieu le jour suivant vers une heure du matin en été, ou 5 heures en hiver. Les palangres séjourneront 10 à 15 heures dans l’eau pour être relevées juste avant l’aube.
-Le congre commun, de son nom scientifique « Conger conger » appartient à la famille des « congridés ». Sa forme générale rappelle celle de l’anguille, et il fait d’ailleurs partie de l’ordre des « anguilliformes ». Solitaire mais peu méfiant, de couleur grise ou noire, bénéficiant d’une réputation que son comportement ne dément pas, le congre est un animal puissant, robuste, un carnassier omnivore redoutable et très agressif qui peut atteindre près de 80 kg. La morsure du congre est extrêmement dangereuse et les marins se méfient toujours lors de la manipulation de ces animaux imprévisibles.
Le congre se capture principalement de l’automne au printemps, et les conditions climatiques peuvent jouer un très grand rôle dans sa fréquentation de ses zone habituelles de pêche. Le congre ne se reproduit qu’une seule fois dans sa vie. On le trouve dans les zones côtières, mais également sur des fonds de 100 à 1000 mètres.
-Autrefois remontées à la main, les palangres sont aujourd’hui relevées au vire-ligne, un appareillage de poulies débrayables couplé au moteur. Chaque palangre nécessite une demi-heure de remontée. Les congres sont gaffés, stockés sur le pont et le fil de l’hameçon immédiatement coupé.
-Les prises sont classées en 4 catégories : petits, moins de 3 kg ; moyens, 3 à 5 kg ; moyens à gros, 5 à 7 kg ; gros, plus de 7 kg.
-Le « Rêve bleu » regagne le port de Loctudy vers 12 heures. L’après-midi est consacrée à l’étripage et à la préparation du poisson pour la vente à la criée à 17 H. Jean-Claude capture environ 10 à 12 tonnes de congre par an, dont la quasi-totalité, achetée par des mareyeurs, est destinée au sud de la France et à l’Espagne.