Documentaire historique de 52 mn diffusé sur les chaines Bretonnes Tébéo, TébéSud et TVR, Film d'André Espern.
Production de Bretagne-video.fr et Bleu Iroise.
Note d'intention du film
Quand les marins des siècles passés chargeaient leurs gabarres, leurs lougres ou qu’ils armaient leurs goélettes, leurs clippers pour de longues courses, ils n’imaginaient, certes pas, les progrès techniques qui allaient bientôt s’accomplir. En quelques dizaines d’années à peine, l’ensemble des moyens traditionnels de transport changeait de visage.
La tradition, cette manière d’agir transmise au fil des générations et qui semblait encore installée pour des siècles, basculait dans les cliquetis mécaniques de la modernité.
Alors, le patrimoine, l’héritage, devenaient du passé, des notions éteintes, des valeurs sans intérêts car ne s’inscrivant pas dans la course toujours plus rapide du temps et de l’évolution technologique. La tradition n’avait donc plus lieu d’être, puisqu’elle ne servait pas l’homme dans sa marche vers le progrès.
Les faits ont prouvé le contraire. De la création du Musée du Bateau en Douarnenez en 1986 à l’événement qui consacra l’an 2000, des milliers de voiles auront permis au plus grand nombre d’accéder aux richesses du patrimoine maritime.
Et ces richesses sont infinies, celles qui associent la vie des marins à bord, des charpentiers de marine, des cordiers, des voiliers, tous ces métiers qui réapparaissent grâce à de nombreux passionnés de cette marine à voile…
A l’aide d’historiens, de passionnés, nous mèneront des enquêtes dans les différents chantiers de construction maritime où est conservé et rénové, ce riche patrimoine.
De nombreux musées comme ceux de Douarnenez, de Brest, de Port Louis et Saint Malo nous dévoileront l’histoire de ces fameux voiliers reconstruits à l’identique.
Le retour de ce patrimoine maritime nous a permis également de nous diriger, sans trop sans douter, vers un avenir plus propre. En effet, en utilisant la force du vent pour dessiner les contours d’une logistique maritime sobre en carbone, le transport à la voile offre des perspectives de développement économique et d’innovation et permet d’économiser les énergies fossiles et donc de préserver le climat. (Un domaine crucial aujourd’hui…)
Des scientifiques et des chercheurs nous présenteront l’avenir de cette nouvelle ère de la voile et leurs nouveaux débouchés.
Mon intention est de réaliser un documentaire de 52 minutes sur cette grande aventure au cœur de laquelle, des hommes n’ont pas voulu que les vasières deviennent les derniers cimetières des bateaux mais plutôt un lieu de savoir d’où émergent, pour une renaissance, ces vieux gréements qui vogueront pour une terre plus propre.
Le déclic fut ma rencontre avec Eric Tabarly, lors d’un tournage sur l’Odet près de chez lui, Il me permit de monter à bord d’un de ces vieux gréements, comme on les appelait, et de naviguer quelques instants sur son Penn Duick. Quel plaisir! le bruit du vent dans les voiles, l’étrave toute fine qui fend les vagues, les manœuvres pour aller plus vite, la beauté du bois, les écoutes, les cordages bien alignés , tout était réuni sur ce bateau pour me faire rêver à de nouveaux déplacements, sans moteur ni fumée.
C’est autant cette volonté que tout l’environnement maritime que je souhaite évoquer au cours de ce travail. Je suis persuadé que le téléspectateur peut y trouver, autant sur les plans pédagogiques qu’historiques, matière à réflexion et à enrichissement des connaissances personnelles.
Ce documentaire coloré, agrémenté d’images anciennes, bien renseigné, animé de témoignages des divers acteurs de l’histoire, se propose d’effectuer un petit voyage dans ce passé contribuant à un meilleur avenir.
Il mettra donc en valeur le travail réalisé depuis bientôt 40 ans, futur héritage des générations des marins à naître, mais aussi ces nouveaux artisans issus de cette mouvance maritime ancienne qui veulent redynamiser les voiles de travail.
résumé
La beauté des voiliers, qui sillonnaient nos côtes au début du siècle, ne doit pas cacher les difficultés et le danger que devaient affronter marins et pêcheurs sur ces navires soumis aux caprices du temps. Ils ont peu à peu disparu au profit de navires motorisés qui ont largement amélioré la sécurité et les conditions de travail .
Voués à l’oubli, ces vieilles coques pourrissantes menaçaient de disparaitre à tout jamais.
Une poignée de passionnés s’est inquiété de la disparition de ce patrimoine et a fait naitre, peu à peu, un formidable engouement.
Aujourd’hui, ces voiliers qui risquaient de n’être que des images immobiles sur des cartes postales jaunies, revivent et arborent leurs superbes voilures lors des fêtes maritimes.
Le retour de ce patrimoine nous a permis également de nous diriger, sans trop sans douter, vers un avenir plus propre.
En effet, en utilisant la force du vent pour une logistique maritime sobre en carbone, le transport à la voile offre des perspectives de développement économique mais aussi d’innovation. Il permet ainsi d’économiser les énergies fossiles et donc de préserver le climat.
Avec l'aide des divers acteurs de cette histoire, nous allons effectuer un petit voyage dans ce passé, qui contribue certainement à un meilleur avenir.
Le transport à la voile, de ce passé faste éteint au renouveau d’aujourd’hui, c’est l’histoire que nous allons vous raconter.
Intro Le musée :
Lieu traditionnel de construction naval, perpétué par les Chantiers de l’enfer, le port Rhu a vu naitre, au fil des ans, des milliers de bateaux.
Au fond de cette ria est né le Port Musée
Intro Kérisit Lougre :
Dans le sud Finistère, comme dans beaucoup de petit port Breton, des projets se précisent.
Intro BOB :
Le prix des travaux de construction et d'entretien étant élevé, certains ont fait le choix de la location et du tourisme à la voile pour assurer ces travaux à venir.
Intro Lougre Calvez :
Mais tous ces bateaux ont un besoin d'entretien et les associations doivent trouver des budgets .
Après kerhouas pour l’intro partie 2 :
En effet, le patrimoine maritime évolue d'une belle façon, et ce plaisir nous a permis également de nous diriger, sans trop sans douter, vers un avenir plus propre.
Intro grain de sail :
D’autres entreprises ont également choisis ce mode de convoyage ; mais pour transporter leurs productions.
Intro Listao :
Le domaine de la pêche professionnelle est également intéressé aujourd’hui par cet ancien concept de la voile au travail...
Intro Néoline :
Des projets de plus en plus grands voient le jour... pour le bien de la planète…
Intro Kairos :
Même dans le domaine de la voile sportive, des solutions sont retenues pour diminuer la pollution.
Avant Cotto fin :
Tout le monde est unanime, la voile est notre avenir.
Pour le final avant générique :
Il a donc suffit d’à peine 40 ans, d’un peu de folie et de beaucoup de foi dans un travail passionné, pour faire renaître ce que l’on croyait à jamais condamné. Qui, dans les années 80, aurait imaginé voir passer à la pointe de Pen hir une armada aussi importante, partie de Brest pour rejoindre Douarnenez !
Cette grande aventure au cœur de laquelle, des hommes n’ont pas voulu que les vasières deviennent les derniers cimetières des bateaux mais plutôt un lieu de savoir d’où émergent, pour une renaissance, les maquettes et les projets des futurs voiliers qui vogueront pour une terre plus propre.
Hissons donc à nouveau les voiles pour notre avenir !
Note d’intention
VOILIERS TRADITIONNELS,
de la passion à notre avenir.
Quand les marins des siècles passés chargeaient leurs gabarres, leurs lougres ou qu’ils armaient leurs goélettes, leurs clippers pour de longues courses, ils n’imaginaient, certes pas, les progrès techniques qui allaient bientôt s’accomplir. En quelques dizaines d’années à peine, l’ensemble des moyens traditionnels de transport changeait de visage.
La tradition, cette manière d’agir transmise au fil des générations et qui semblait encore installée pour des siècles, basculait dans les cliquetis mécaniques de la modernité.
Alors, le patrimoine, l’héritage, devenaient du passé, des notions éteintes, des valeurs sans intérêts car ne s’inscrivant pas dans la course toujours plus rapide du temps et de l’évolution technologique. La tradition n’avait donc plus lieu d’être, puisqu’elle ne servait pas l’homme dans sa marche vers le progrès.
Les faits ont prouvé le contraire. De la création du Musée du Bateau en Douarnenez en 1986 à l’événement qui consacra l’an 2000, des milliers de voiles auront permis au plus grand nombre d’accéder aux richesses du patrimoine maritime.
Et ces richesses sont infinies, celles qui associent la vie des marins à bord, des charpentiers de marine, des cordiers, des voiliers, tous ces métiers qui réapparaissent grâce à de nombreux passionnés de cette marine à voile…
A l’aide d’historiens, de passionnés, nous mèneront des enquêtes dans les différents chantiers de construction maritime où est conservé et rénové, ce riche patrimoine.
De nombreux musées comme ceux de Douarnenez, de Brest, de Port Louis et Saint Malo nous dévoileront l’histoire de ces fameux voiliers reconstruits à l’identique.
Le retour de ce patrimoine maritime nous a permis également de nous diriger, sans trop sans douter, vers un avenir plus propre. En effet, en utilisant la force du vent pour dessiner les contours d’une logistique maritime sobre en carbone, le transport à la voile offre des perspectives de développement économique et d’innovation et permet d’économiser les énergies fossiles et donc de préserver le climat. (Un domaine crucial aujourd’hui…)
Des scientifiques et des chercheurs nous présenteront l’avenir de cette nouvelle ère de la voile et les nouveaux débouchés.
Mon intention est de réaliser un documentaire de 52 minutes sur cette grande aventure au cœur de laquelle, des hommes n’ont pas voulu que les vasières deviennent les derniers cimetières des bateaux mais plutôt un lieu de savoir d’où émergent, pour une renaissance, ces vieux gréements qui vogueront pour une terre plus propre.
Le déclic fut ma rencontre avec Eric Tabarly, lors d’un tournage sur l’Odet près de chez lui, Il me permit de monter à bord d’un de ces vieux gréements, comme on les appelait, et de naviguer quelques instants sur son Penn Duick. Quel plaisir! le bruit du vent dans les voiles, l’étrave toute fine qui fend les vagues, les manœuvres pour aller plus vite, la beauté du bois, les écoutes, les cordages bien alignés , tout était réuni sur ce bateau pour me faire rêver à de nouveaux déplacements, sans moteur ni fumée.
C’est autant cette volonté que tout l’environnement maritime que je souhaite évoquer au cours de ce travail. Je suis persuadé que le téléspectateur peut y trouver, autant sur les plans pédagogiques qu’historiques, matière à réflexion et à enrichissement des connaissances personnelles.
Ce documentaire coloré, agrémenté d’images anciennes, bien renseigné, animé de témoignages des divers acteurs de l’histoire, se propose d’effectuer un petit voyage dans ce passé contribuant à un meilleur avenir.
Il mettra donc en valeur le travail réalisé depuis bientôt 40 ans, futur héritage des générations des marins à naître, mais aussi ces nouveaux artisans issus de cette mouvance maritime ancienne qui veulent redynamiser les voiles de travail pour une terre plus propre.
André ESPERN
SYNOPSIS
VOILIERS TRADITIONNELS,
de la passion à notre avenir.
HISTORIQUE
- Avec Jean Michel Le Boulanger, écrivain et historien.
Interview au port du Rosmeur à Douarnenez :
Il y a moins d’une centaine d’années encore, une multitude de types de voiliers, de bateaux de travail, sillonnaient l’océan ou naviguaient en vue des côtes, le long des estuaires, transportant passagers, nourriture, matériel. Conçu et imaginé par l’homme, le bateau, au fil des années, s’est adapté à toutes les formes technologiques de propulsion : force des bras à l’aviron, utilisation du vent grâce à la voile, machine à vapeur, puis généralisation de la motorisation moderne. Victimes du modernisme, des exigences économiques nouvelles, les navires à voiles, aux conditions de vie et de navigation très rudes, se sont faits plus rares, jusqu’à disparaître totalement du paysage maritime traditionnel. Avec l’apparition du moteur, la voile devenait plaisance et le voilier un bel objet de loisir.
Alors, en France, dans l’indifférence quasi-générale, les plus belles coques du patrimoine maritime ont longtemps connu des sorts divers. Certaines ont été revendues, d’autres, plus nombreuses, ont pourri dans les cimetières des vasières. A l’ère de la vitesse, de la performance, la voile n’avait plus lieu d’être. La cause était entendue : le pétrole valait mieux que le vent !
Un petit groupe de Bretons de Douarnenez, avec un minimum de moyens, décide alors de tenter de sauvegarder ce qui peut l’être, tout en sensibilisant le public à leur action par la création d’un premier musée. C’est grâce à eux qu’aujourd’hui les voiliers ne sont plus seulement de vieilles images saccadées sur des films noir et blanc, ou des photos jaunies par le temps rangées dans des albums oubliés. A la passion des Douarnenistes ont succédé l’engouement, puis l’événement.
-
L’histoire de la ria du Port Rhu se confond avec celle de l’activité maritime de la région. Jusqu’au début du XX ème siècle, Port Rhu a accueilli des navires marchands, dont les
premiers furent peut-être gallo-romains ! On sait, en effet, que Douarnenez fut un important centre de production de garum, une sauce de poisson au sel, très prisée de nos ancêtres. Port Rhu a également longtemps abrité les caboteurs transportant de la toile de lin ou de chanvre pour les voiles, des sardines pressées, de la rogue de morue.
Il comptait aussi autrefois des chantiers navals où régnait une activité intense.
Dès 1990 commence une série de sauvegarde des bateaux traditionnels. Une première collection voit le jour, qu’il faut songer à abriter et à valoriser.
C’est dans cette mouvance que naît, à Douarnenez, le Chasse Marée, qui, comme l’affirme ses créateurs, est une revue d’histoire et d’ethnologie maritime. Tous ceux qui désirent sauvegarder le patrimoine maritime se regroupent sous la bannière du Chasse Marée, et militent pour l’ouverture d’un Musée du bateau. Il naît en 1986 avec l’association Treizour et le F.R.C.M. Et la première partie de la boucle est bouclée quand le musée s’installe dans une ancienne conserverie acquise par la municipalité.
La FRCPM-Bretagne
- Avec Jean-Marie Bechu , Président
Créée en 1979, la Fédération Régionale pour la Culture et le Patrimoine Maritimes se donne l’objectif de travailler à la reconnaissance des cultures spécifiques liées à la mer, de favoriser la transmission des savoirs et des savoir-faire. Pour répondre à une double mission d’insertion professionnelle d’adultes et de transmission, les responsables de la Fédération montent à Douarnenez un centre de formation professionnelle aux techniques traditionnelles de la construction navale en bois « Les Ateliers de l’Enfer »
En 1990 la Fédération créée une formation d’ouvrier-voilier dans un souci de transmission des savoir-faire et des « tours de main » du métier de voilier pour lequel il n’existait plus de diplôme. En 2006 en collaboration avec la Fédération des Industries Nautiques (FIN), la FRCPM-Bretagne met en place la première formation en sellerie, pour répondre aux besoins des entreprises.
- Avec Paul Robert.
Au Chantier de l’Enfer, récemment implanté encore devant le Musée du bateau, c’est toute la tradition du geste retrouvé qui renaît. Ouvert en 1984, le chantier a pour vocation la formation de charpentiers de marine. Les stagiaires apprennent les techniques de restauration, mais mettent également en œuvre des constructions nouvelles, répliques de modèles d’époque. Les plans sont tracés à partir de demi-coques, les dessins étant ensuite ramenés à l’échelle de travail. Une première maquette sert de modèle avant la construction en grandeur réelle du bateau. Aussitôt mis à l’eau, celui-ci est expérimenté, tant dans sa forme et ses lignes, que dans la conception et le fonctionnement du gréement.
Au Musée du bateau, au Port Rhu,
- Avec Kelig-Yann Cotto, le conservateur
En 1985 l’ouverture du « Musée du Bateau » de Douarnenez, puis la création du « Port-Musée » en 1993.
L’histoire de la mer rejoint l’histoire des hommes quand le musée s’ouvre Place de l’Enfer, en bordure de ria. Le Musée du bateau devient un quai d’embarquement pour un voyage dans le temps, une époque pas si lointaine où certains navires ressemblaient à des mouettes à l’envol. La mise en scène de 200 bateaux constitue une collection unique au monde. Dans la salle des gréements, haute de 12 mètres, les visiteurs peuvent rêver qu’ils prennent la mer devant 11 bateaux gréés toutes voiles dehors : Moliceiro de la lagune d’Aveiro, Mourre de pouar du Golfe du Lion, Côtre de Carantec, Futreau de Loire, Dorna de Galice, Filadine de Gironde… Ainsi, d’une passerelle installée à quatre mètres du sol, les marins d’une heure ou d’un jour, les amateurs ou les spécialistes, peuvent découvrir ou commenter la vie à bord. Des espaces spécialisés sont également consacrés aux différentes techniques et aux différentes phases de constructions. Et, parce que le bateau est avant tout un œuvre d‘homme, un large espace de l’exposition est consacrée à la dimension sociale et économique de l’activité maritime.
A l’abri du marin à Douarnenez
- avec Michel Colleu et Bernard Cadoret, écrivains
En 1981 c’est l’installation à Douarnenez de la revue d’histoire et d’ethnologie maritimes « le Chasse-Marée. Elle tient son nom du bateau chasse-marée. Son siège social est situé, sur le port du Rosmeur, dans le très symbolique abri du marin construit par Jacques de Thézac en 1914.
Le Chasse-Marée a publié des livres sur le monde maritime et la Bretagne, dont la série des cinq Ar Vag sur les « Voiles au travail en Bretagne atlantique », fruit des recherches sur plusieurs décennies. Elle a organisé plusieurs concours : Bateaux des côtes de France (1988-1992), Patrimoine des côtes et fleuves de France (1993-1996), Défi des jeunes marins (1997-2000), Marins des côtes et fleuves de France (2004-2008).
Le Concours Bateaux des Côtes de France, en 1992, a été l'aboutissement d'un défi : le sauvetage du patrimoine maritime, par la restauration ou la reconstruction des bateaux traditionnels. Lancé en 1989, il a permis de voir quatre-vingt un bateaux participer aux fêtes de Brest en 1992.
On peut citer la Pauline, chaloupe de Dahouët, Le Grand Léjon, la Granvillaise, Le cotre Marche Avec, la chaloupe basque Brokoa, la chaloupe de Plougastel Marie-Claudine, ou l'emblématique goélette brestoise Recouvrance. Plus de 100 unités du patrimoine maritime sont reconstruites ou restaurées par des chantiers navals à cette époque… Aujourd’hui leur fichier recense plus de 1500 propriétaires individuels ou associatifs sur les 4 départements bretons. |
LES CHANTIERS MARITIMES
(Pour Le Concours Bateaux des Côtes de France)
« Le Lougre de l’Odet » avec Georges Le Calvez au Cap Horn
De nombreux projets de construction ont, dès lors, vu le jour. C’est le cas de Corentin, le Lougre de l’Odet. Quimper en effet, au confluent du Steïr et de l’Odet, possédait un port à marée à Locmaria. Le lieu était alors très fréquenté par des goélettes et des dundees, des navires marchand bretons transportant le blé, le charbon, le vin, et cabotant sur toutes les côtes de l’Europe de l’Ouest.
C’est en 1989 que se crée l’association “ Corentin, le Lougre de l’Odet ”, avec pour objet de construire et de lancer un lougre sur les quais de Locmaria. Le lougre est un navire de travail, un bateau de charge, robuste, à la proue renflée, à la coque solide, très éprouvée lors des échouages quotidiens.
Le 23 juin 1990, 15000 personnes assistent à la pose de la quille de Corentin, à la mise en place des premières membrures. L’événement est l’occasion de festivités qui feront date dans l’histoire de Quimper.
Et la mémoire collective se souviendra longtemps de l’ouverture de la passerelle du Cap-Horn, laissant entrer, pour la première fois depuis des années, une flottille de bateaux anciens : yoles, chaloupes sardinières, canots, misainiers, venaient saluer, à leur façon, la naissance d’un des leurs. Ainsi, grâce à la passion, les images en noir et blanc tournées au début du XX ème siècle prenaient-elles vie en couleurs. |
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« La Recouvrance » avec Yann Mauffret, du chantier du Guip.
L'histoire de « La Recouvrance » démarre en 1989, quand un groupe de Brestois décide de reconstruire selon des plans d'époque un vieux gréement. Pour le type, ce sera un bateau de guerre, Brest oblige. Pour les plans, ce seront ceux de « L'Iris » dessinés en 1817 par l'ingénieur Hubert et retrouvés aux archives de la Marine à Vincennes. Toutes les traces de la genèse et de la vie du voilier vont être rassemblées et sauvegardées par l'association qui prend maintenant le relais. Dénommée Brest et « La Recouvrance » société des amis de la goélette, elle s'attachera aussi à rendre le bateau plus accessible aux Brestois.
« Je me souviens de l’étonnement et de l’admiration que j’ai ressenti à la première présentation du projet brestois pour le concours des « Bateaux des côtes de France ». C’était un petit article paru dans Le Chasse-Marée avec la silhouette élégante et racée d’une goélette de chasse du début du 19ème. Sa tonture basse bien dessinée, la quête de ses mâts, la guibre de son étrave étaient très différentes des reconstructions des bateaux de travail en chantier ou en projet sur les côtes françaises. Elle m’amenait à découvrir, admiratif, tout un pan de notre histoire maritime liée à la Royale et je me suis tout de suite dit que j’avais envie de la construire.
Alors qu’à l’Ile-aux-Moines nous construisions La Belle Angèle pour Pont-Aven, nous avions eu la visite des Brestois pour présenter leur projet. Nous étions en concurrence avec les chantiers finistériens qui, eux aussi, faisaient valoir leurs atouts et leur expérience. Nous avons été choisis, sans doute grâce à notre capacité à nous glisser dans l’histoire et à respecter le plus possible les caractéristiques des constructions originales ». |
Images du lancement de La Recouvrance et de Brest en juillet 1992 :
Fête, événement, phénomène social, retrouvailles avec le patrimoine : c’est à tous ces mots et sans doute à bien d’autres encore, que répond le lancement de La Recouvrance. Des dizaines de milliers de spectateurs : Brestois fiers de “ leur bateau ”, passionnés émus venus de l’Europe entière, familles en balade, badauds émerveillés, autant d’images pour autant de visiteurs stupéfaits ! Sous leurs yeux, devant des centaines de bateaux, sous le salut de plus de 2000 voiliers traditionnels manœuvrant en rade de Brest, La Recouvrance, comme les cinq navires construits plus de 150 ans auparavant sur le même plan, reçoit le baptême de l’océan Atlantique. La musique, des tonnerres d’applaudissements, de hourras, lui souhaitent bon vent. Des milliers de photos fixent l’événement. Des trois mâts majestueux, des chaloupes, des misainiers, des coquilliers, des gabarres, des cotres, le lougre, une galère grecque, un drakkar, un prao, un catamaran, et tant d’autres, vont naviguer de conserve cap sur Douarnenez. L’armada est
en route. 35 ans auparavant, à quelques exceptions près, elle n’existait plus que sous la forme de vieilles photos et de tableaux anciens.
En l’an 2000 la Ville de Brest devient propriétaire de La Recouvrance. Et en 2014, la Recouvrance a l’honneur d’être désignée bateau ambassadeur de la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO. Le navire se voit également attribuer la certification ISO 14001. Autant de signes de reconnaissance du travail exceptionnel de la goélette brestoise. |
Après ce parcours historique, nous partirons à la rencontre des organisateurs de ces fêtes populaires
Le Festival des vieux gréements à Douarnenez
- avec Jean Michel Le Boulanger et Gwendal Jaffry (Chasse-Marée)
Le premier rassemblement de 1986 était déjà un succès car il renouait les liens les plus anciens des hommes avec la mer.
Dans le cadre du festival des vieux gréements de Douarnenez, dont la première édition s'est tenue pendant trois jours en 1986, environ deux cent cinquante voiliers sont rassemblés. L'objectif de cette première édition était de mettre en avant la culture maritime et le patrimoine marin à travers l'exposition et la navigation de vieux gréements, des chantiers de construction, des chants de marins, la diffusion de films, ou encore la mise à l'eau d'un gréement neuf, le Fraternité, réplique d'un bateau du XVIIIe siècle. Ce rassemblement de vieux gréements à Douarnenez s'est poursuivi et le festival a bien grandi.
Deux ans plus tard, la fête de 1988, ses 200 000 visiteurs, resteront gravés dans les mémoires. En quelques années à peine, la passion, un peu confidentielle de quelques amoureux des vieux bateaux, s’était transformé en phénomène de société, en événement indissociable de la vie et de l’histoire de la Bretagne. Une consécration qui permettra de mettre désormais sur pied, tous les quatre ans, une organisation de masse au service de l’histoire maritime.
A chaque édition, la manifestation met à l'honneur la culture, le savoir-faire d'un pays ou d'une région. La prochaine édition est prévue pour 2020, avec le jumelage aux fêtes maritimes de Brest qui ont lieu tous les quatre ans. Yann Kersalé nous confie quelques anecdotes et souvenirs pour la mise en lumière du port du Rosmeur durant les Fêtes maritimes de 1988. |
Les « Fêtes Maritimes »
- avec Anne Burlat et Jakez Kerhoas
L'une est tombée dans le milieu des vieux gréements par hasard. « J'étais dans le tourisme culturel. Bilingue et célibataire, mon profil a intéressé le Chasse-Marée pour m'envoyer en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis ». L'autre a grandi dans le milieu de la voile, avec un papa créateur de centres nautiques mais estime que son lien avec les bateaux du patrimoine est « une histoire de circonstances ».
Quelque part entre les précurseurs des Vieilles Coques de Concarneau (29) et le rassemblement des Old Gaffers de Saint-Malo (35), Jakez Kerhoas a eu l'idée d'une fête ouverte à d'autres bateaux de patrimoine, avec du cinéma maritime à terre, du chant de marin et une buvette de 70 m. Et l'a organisée. C'était au tournant des années 1980, à Pors Beac'h, à Logonna-Daoulas.
Préparation de l’énorme régate « de Brest à Douarnenez » pour Brest 92
Jamais sans doute, la pointe du Finistère n’avait connu cela. Partie de Brest, l’étonnante flotte qui copiait ses modèles dans les siècles passés, était la première à parcourir ainsi les flots. Mélange de genres et de couleurs, association des formes ou différences des coques, le géant côtoyant le petit, les bateaux ont laissé leur trace sur l’océan. Cette immense régate, sans vainqueur ni vaincu, sans course et sans gain, aura juste vu aboutir des rêves : Ceux de tous ceux qui, depuis vingt ans, passionnément accrochés à leur idée, ont œuvré pour cette journée. Tirant leurs bords devant la côte, suivis par des centaines de spectateurs, les bateaux , ceux de la régate du siècle, ont tracé le trait d’union qu’il fallait entre les générations. De mémoire de goéland, on n’avait jamais vu ça. Et, dans cent ans, leurs héritiers se raconteront encore l’histoire, dans les falaises du Cap Sizun, celle d’une flottille superbe, venue de Brest.
La Semaine du Golfe, une fête généreuse
Le Département du Morbihan veut également une fête maritime, hors saison, gratuite et éclatée. « Ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement », résume Jakez Kerhoas, en citant Boileau. Le message passe : en 2001, 500 bateaux naviguent entre douze communes du Golfe, répartis en sept flottilles. Pas seulement pour faire joli mais surtout pour l'idée de partage. En 2015, le casse-tête s'est encore compliqué avec onze flottilles qui ont regroupé 1.250 participants, 17 communes et des milliers de bénévoles . « Ça a pris parce que les équipages aiment cette fête », estime Anne Burlat, qui avoue sa préférence pour ce rendez-vous maritime rigolo et généreux. « Chaque fête est, à chaque fois, différente. Il faut faire attention à ne pas trop serrer l'organisation. Les équipages garderont de toute manière leur liberté. Je rêve d'une fête comme une rave-party, un rendez-vous de potes, sans inscription », explique Jakez Kerhoas.
Le Festival du Chant de Marin à Paimpol en Côtes d’Armor
C’est en 1989 que le Festival du Chant de Marin voit le jour et depuis 1997, le Festival a lieu tous les deux ans. Le Festival de Paimpol est aussi la fête des vieux gréements. Le port accueille quelques 200 bateaux du temps de la marine en bois. Et à leur bord, leur équipage, près d’un millier de « loups de mer », jeunes et moins jeunes. Ils participent, la veille du Festival, à la "parade de ralliement" puis au fameux et animé « repas des équipages » et chaque matin, au concert de cornes de brume qui annonce le début des festivités.
Autres témoignages du patrimoine maritime exceptionnel en Bretagne
- Avec Marie Tabarly et ses souvenirs du Penn Duick de son père à Sainte Marine durant le « Rendez-vous de la Belle Plaisance. Ce premier rassemblement fut organisé, en 1991, par la revue Le Chasse Marée. Il a pour objectif essentiel de faire naviguer et régater les voiliers classiques qui ont fait les belles années du yachting. Car faire naviguer ces bateaux construits de façon artisanale, généralement en bois, d’avant l’industrialisation du nautisme à la fin des années 60, c’est susciter leur entretien, leur restauration et participer ainsi à la préservation du patrimoine plaisancier.
- Avec Hubert Stagnol , ancien décorateur de cinéma, devenu restaurateur et charpentier de marine, mettant à l'eau, à Bénodet, son dernier voilier construit par lui-même, un grand Seabird, superbe monocoque classique et traditionnel en bois. |
La voile pour le tourisme
- Avec Wilfrid Provost de l’Etoile Marine
Des associations et groupes se forment pour réunir des budgets de plus en plus lourds pour l’entretien de ces bateaux comme l’Etoile Marine à St Malo. Elle accueille régulièrement des touristes à bord de différents voiliers comme l’Etoile du Roy une frégate de 47 mètres, de l’Etoile Molène, un Dundee Thonier de 1954 ou du « Renard » réplique du dernier navire armé par Surcouf en 1812, lancée le 18 mai 1991 à St Malo, son port d’attache.
Le mécénat permet également de sauvegarder ce patrimoine sur tout le littoral français :
Le Belem, trois-mâts à phare carré et coque en acier est le dernier des grands voiliers de commerce français du 19ème siècle encore naviguant.
Une aventure maritime qui dure depuis près de 120 ans en ayant vécu pas moins de cinq vies, changé trois fois de nationalité pour finir par retrouver le pavillon tricolore de ses origines, trompant la mort, survivant là où des milliers d’autres voiliers, plus grands, plus puissants, plus neufs, ont disparu à jamais… |
La fondation Belem a, dès 1980, décidé que le Belem reprendrait la mer et qu’il serait navire-école civil ouvert au grand public. En 30 ans, le navire a embarqué 35 000 navigants. Il est le plus ancien grand voilier au monde à accueillir du public en navigation hauturière ou au large. En 2016, la fondation Belem a célébré les 120 ans du trois-mâts avec la ville de Nantes.
L’Hermione :
Dès l’origine du projet, il s’agissait non pas uniquement de reconstruire, au cœur de l’ancien arsenal de Colbert, un navire du XVIIIe siècle, mais avant tout de faire partager au public cette aventure, afin qu’il puisse découvrir les grandes étapes de cette reconstruction.
Le projet se révèle être un véritable succès populaire : près de 250 000 visiteurs par an, le seuil symbolique des trois millions et demi de visiteurs a été franchi. Ce succès populaire constitue, avec le soutien des collectivités territoriales, le moteur principal du financement de l’Hermione. |
La voile aussi, pour l’apprentissage
de la vie en communauté
Le père Jaouen décédé en 2016, a aidé de nombreux jeunes à s’insérer dans notre société par l’apprentissage de la voile à bord de son Bel Espoir 2. L’Association des Amis de Jeudi Dimanche, située à Landéda dans le Finistère, organise des croisières à la voile de plusieurs semaines pour des personnes toxicomanes. Elle exploite également un chantier d’insertion où des jeunes viennent s’initier aux métiers de la menuiserie et de la charpente marine. L’équipe d’encadrement ne compte ni travailleur social ni professionnel de santé.
Outre le père Jaouen auparavant et Yves Loiselet, dit Ziton, le commandement des navires est assuré par des bénévoles : chaque année, des officiers de la marine marchande - retraités ou actifs - s’inscrivent pour prendre la tête d’un équipage. Le plus souvent, ils sont secondés par des élèves des prestigieuses écoles de la marine marchande et par un ou deux formateurs du chantier. Quant au reste de l’équipage, il est constitué de stagiaires du chantier.
Certaines transats sont bien sûr plus réussies que d’autres mais une chose est certaine : qui qu’on soit, l’aventure transforme. La découverte des autres, de la peur, de l’apprentissage des règles de la navigation à voile mais aussi de la vie en groupe constituent des ingrédients qui permettent d’équilibrer ces semaines particulières.
Aujourd’hui, un nouvel avenir pour la voile…
Des scientifiques, des passionnés et des entrepreneurs nous présentent l’avenir de cette nouvelle ère de la voile et leurs nouveaux débouchés :
« En effet, en utilisant la force du vent pour dessiner les contours d’une logistique maritime sobre en carbone, le transport à la voile offre des perspectives de développement économique et d’innovation et permet d’économiser les énergies fossiles et donc de préserver le climat ».
De nombreux projets existent notamment pour le transport et la pêche.
Redynamiser les voiles de travail
- avec Guillaume Le Grand, de la TOWT
Le trafic maritime est régulièrement pointé du doigt pour les émissions de CO2 et de gaz polluants qu’il génère.
L’avenir du transport de marchandises n’est peut-être pas dans les vieux gréements. Mais peut-être au moins dans la réhabilitation du vent comme énergie crédible de propulsion. Même pour des porte-conteneurs.
Toutes voiles dehors, fendant les vents, l’Avontuur, a très belle allure. Il a dans ses cales une vingtaine de tonnes de marchandises. Depuis 2011, la compagnie maritime basée à Douarnenez (Finistère) affrète régulièrement des vieux gréements qu’elle charge de marchandises avant de les lancer sur les mers. De part et d’autre de l’Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord. Quand ce n’est pas du café ou du cacao du Mexique, « c’est du rhum de Marie Galante, du café de République Dominicaine, des vins de Madère ou de Bordeaux, de l’huile d’olive du Portugal, du thé vert des Açores, de la bière de Cornouailles », liste Guillaume Le Grand.
TOWT mène une étude de recherche et développement en vue de la construction d'un Voilier-Cargo. Soutenu par l'ADEME, le projet bénéficie du Programme des Investisseurs d'Avenir. Il vise à concevoir une nouvelle génération de grands voiliers pour le transport de marchandises répondant aux critères de coût, fiabilité, capacité et vitesse. Le Voilier-Cargo moderne est un formidable vecteur d'innovation. Il permettra de mettre en application de nouvelles technologies, notamment en architecture navale, et aussi de nouveaux usages commerciaux et logistiques respectueux de l'environnement.
Le projet Listao
- avec Julien Marin, président de « Voile au travail »
La Pêche professionnelle à la voile, c’est pour bientôt avec le projet Listao.
Redécouvrir les méthodes anciennes de navigation et les allier avec la technologie moderne pour développer un concept de navire innovant et respectueux de l’environnement, tel est le principe de Voile au Travail, une association fondée en 2015 à Trégunc, qui compte sept membres actifs et une soixantaine d’adhérents. Leur objectif ? Mettre au point un catamaran à voile destiné à une exploitation professionnelle : pêche, missions scientifiques et techniques, nautisme, cabotage de fret ou de passagers.
Listao, c’est un navire de travail moderne sur des plans innovants avec 2 coques, 2 mâts façon biplan et une surface de travail modulable de 50 m². Un bien bel outil pour pêcher le thon à la ligne Il ne s’agit pas de construire la réplique d’un voilier du siècle dernier mais de développer les innovations technologiques nécessaires pour disposer d’un navire non polluant, moderne, pensé pour être pratique, économe et sûr. La voile en propulsion principale, c’est un impact carbone proche de zéro, des nuisances sonores insignifiantes et des rejets réduits à un minimum |
En version pêche, l’équipage comprendra trois marins pour une pêche ciblée respectueuse de l’environnement et de la ressource ; grâce à la pêche à la ligne et à de nouvelles techniques de conservation, le poisson débarqué sera de très haute qualité. Cette pêche artisanale garantira une pêche durable.
Outre la pêche, l’aspect modulable de la plateforme du bateau, va lui permettre d’intéresser d’autres domaines comme le fret, la recherche scientifique, le nautisme, l’éducation ou la sensibilisation au milieu marin.
Le maniement du catamaran à voile articule des « savoir-naviguer » et des « savoir-pêcher » à la voile. Or, aujourd’hui, peu ou pas de professionnels ont la maitrise de ces deux champs de compétences. Il s’agit donc de construire un dispositif de formation adéquat des futurs professionnels d’une pêche durable à la voile.
Des projets de plus en plus grands
Pour un avenir plus propre
Le cargo à voiles, solution éco-responsable ?
- avec Jean Zanuttini de Neoline
Des véhicules Renault acheminés de Saint-Nazaire à Saint-Pierre-et-Miquelon, sur des voiliers. Ce projet pourrait se concrétiser dès 2021, grâce à un partenariat signé, la semaine passée, entre le constructeur français et Neoline. C’est un partenariat qui, à lui seul, suffit à donner un maximum de crédit à une belle idée, utiliser des voiliers de 136 m pour du transport transatlantique de marchandises. |
Le constructeur Renault l’a signé en 2018, avec la start-up nantaise Neoline qui développe le projet. 50 à 100 véhicules neufs de la marque française seront acheminés annuellement, de Saint-Nazaire jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, sur une durée de trois ans. Ceci, à partir de « fin 2020 - début 2021 », échéance ambitieuse avancée par le directeur général de Neoline, Jean Zanuttini. Si le nombre de véhicules transportés paraît faible, le symbole est fort : « Cela montre qu’on est capables de convaincre un grand industriel de notre pertinence écologique et économique », apprécie Jean Zanuttini.
Sur le papier, le projet Neoline paraît séduisant : « Par rapport à un navire de taille équivalente, nos cargos à voile réduiront de 80 à 90 % leur consommation de fioul, avec de très faibles émissions de soufre et d’azote. Le carburant ne servira qu’à soutenir notre vitesse commerciale et aux manœuvres dans les ports », souligne Jean Zanuttini. En contrepartie, la vitesse du navire sera réduite à 11 nœuds, et la durée de traversée atteindra les 13 jours, contre 9 pour un bateau classique sur un trajet équivalent.
Les avions d’Airbus partiront de Saint-Nazaire à la voile en 2020.
Dès le second semestre 2020, Airbus équipera d'une immense voile son cargo faisant la ligne régulière entre Saint-Nazaire et son site américain de l'Alabama. Inventée par la start up Airseas, cette voile de kite, qui tractera l'équivalent de quatre A320, devrait faire économiser 20 % de carburant à l'avionneur .La voile, déployable pour une vitesse de vent comprise entre 8 et 40 nœuds, tracte les paquebots via un câble de 400 m de long. |
Une initiative pour se libérer des ressources fossiles
- Avec Roland Jourdain à Concarneau
Que faire des bateaux en fibre de verre, en polyester, en plastique une fois qu'ils ont terminé leur vie sur l'eau ? Cette question, Roland Jourdain se la pose depuis plusieurs années.
Son entreprise Kaïros a monté un espace recherche et développement, sur des nouveaux matériaux écologiques. Au dernier salon nautique, Roland Jourdain a même présenté une gamme de paddle en fibre de lin construits à Concarneau.
La collaboration entre la fondation Kaïros du navigateur Roland Jourdain, le chantier naval Tricat, la Région Bretagne et trois surfeurs a donné naissance à Gwalaz, le premier trimaran entièrement éco-concu. Ce prototype de 7,11m est le résultat d'une démarche globale alliant écologie et technologie. Le bateau s'affranchit de toute ressource fossile grâce à l'utilisation de biomatériaux, à la création de filières de recyclage dès sa conception selon le principe de l'économie circulaire, tout en affichant de hautes performances mécaniques.
C'est en 2007 que Roland Jourdain a créé l'association Kaïros, une structure dont le département de recherche et de développement travaille à incorporer les matériaux biocomposites au secteur nautique, puis à d'autres domaines. Il résume sa démarche :
"L’aventurier du XXIème siècle est celui qui sait sortir des sentiers battus et explorer les chemins de traverse. Un seul objectif à atteindre : faire en sorte que les actions humaines aient à terme une empreinte positive sur les écosystèmes"
La prochaine étape consistera à évaluer en situation réelle la résistance de ces nouveaux matériaux et à observer la manière dont ils vieillissent.
L'héritage du passé pour préparer l'avenir
- Avec Loïc Hardouin Alain Bougennec, aux Ateliers de l’Enfer
Les écoles et chantiers maritimes recrutent. En un an, le secteur nautique a gagné 8 % de croissance et plus de 1 500 emplois. Pourtant, la filière peine à recruter du personnel compétent et les besoins se font et se feront de plus en plus criants. Côté formation, l’offre est vaste en Bretagne, les lycées maritimes (Étel, Le Guilvinec et Paimpol) les AFPA (Auray, Saint-Brieuc), le Centre européen de formation continue maritime de Concarneau, les Greta (Brest, Quimper et Lorient), le centre de formation des Glénan ou encore les Ateliers de l’Enfer à Douarnenez.
Et avec le renouveau du transport maritime à la voile, de nouvelles perspectives d’emplois sont également à prévoir…
Epilogue
Il a donc suffit d’à peine 40 ans, d’un peu de folie et de beaucoup de foi dans un travail passionné, pour faire renaître ce que l’on croyait à jamais condamné. Qui, dans les années 80, aurait imaginé voir passer dans le Raz-de-Sein une goélette construite à Brest ! L’histoire est ainsi écrite qui lie concrètement le passé au futur. De l’image noire et blanche d’il y a 150 ans, aux formes les plus sophistiquées des technologies actuelles, le trait d’union est là, reliant les marins à travers leur passion.
Ce qui est fantastique aujourd’hui c’est de voir comment d’idées simples sont nées des événements internationaux. Brest, Douarnenez, mais aussi des organisations plus modestes, presque des fêtes de villages, attirent chaque été des milliers de spectateurs avides de connaissances, de couleurs, de rêves, de passeports pour l’imaginaire. Ces centaines de voiles claquant sous le petit vent de la rade de Brest et de la baie de Douarnenez sont autant de témoignages, si l’on pouvait encore en douter, que le passé recèle, malgré la course galopante du temps, les clés de l’avenir.
Cette grande aventure au cœur de laquelle, des hommes n’ont pas voulu que les vasières deviennent les derniers cimetières des bateaux mais plutôt un lieu de savoir d’où émergent, pour une renaissance, les maquettes et les projets des futurs voiliers qui vogueront pour une terre plus propre.
Hissons à nouveau les voiles pour notre avenir !